
Sous le nom de "Molécule", Romain De La Haye-Sérafini transcende ses pulsions de globe-trotter en transformant ses voyages en sessions d’enregistrements. Juste avant son départ au Groenland, on l'a rencontré pour briser la glace.
Après un album électro enregistré en bateau sur l’Atlantique Nord en 2015, Molécule a décidé de réitèrer l’expérience en partant au sud-est du Groenland, à Tiniteqilaaq. Objectif de cette croisière façon brise-glace : ramener un disque, un livre photo, un film et une série de reportages en son binaural prévus pour septembre 2017.
Pourquoi le Groenland ?
Depuis mon retour de mer qui a donné naissance à l’album “60°43′ Nord”, je n’avais qu’une obsession : repartir pour une nouvelle aventure. Je recherchais une région du globe inhospitalière, glacée, blanche et isolée… Au fil des rencontres, un guide spécialisé des régions arctiques me parle d’une maison en bois avec de l’électricité perdue au fin fond d’un fjord : bingo !
Un brief rapide sur le village qui vous accueille, Tiniteqilaaq?
130 habitants, 300 chiens de traîneaux, des températures entre -5°C et -25°C. Trois jours minimum pour rejoindre le village au départ de Paris si la météo le permet (deux vols en avions puis deux vols en hélicoptère), les aurores boréales, les ours polaires : tout un programme…
Comment allez-vous procéder, de manière technique, à l’enregistrement de cet album?
L’idée est d’arriver avec une page blanche et de revenir cinq semaines plus tard avec un album entièrement composé in situ. J’ai acheté toutes sortes de micros : un hydraphone pour enregistrer des sons aquatiques, des micros contact pour capter les ondes de la banquise, un micro surround pour la facette VR et un kit binaural pour une immersion sonore totale. Je vais enregistrer des sons et petit à petit, selon l’inspiration, ajouter mes instruments. J’emporte quatre synthétiseurs, deux boites à rythme, une guitare, un ordinateur et près de 20 pédales d’effets pour effectuer toutes sortes d’expérimentations sonores.
Quel est votre rapport à l’environnement, qui plus est polaire ?
J’aime me sentir tout petit face aux éléments. De la nature, j’aime son autorité et les contraintes qu’elle nous impose, pour une inspiration profonde, subjective et spontanée.
Écouter Molécule : moleculesound.