
Il s'appelle Igor Ashurbeyli et il y croit dur comme terre : il a créé la première nation spatiale de l’humanité. Aujourd'hui, son invention s’apprête à franchir un cap avec l'envoi d'un nanosatellite en orbite. La double nationalité, ça vous tente ?
L’homme qui voulait être roi de l’espace. « Rome ne s’est pas faite en un jour », doit se répéter chaque matin Igor Ashurbeyli, l’ingénieur russe qui a fondé Asgardia. Ca vaut aussi pour l’espace. Baptisée en référence à la cité mythologique du dieu viking Odin, cette micro-nation fondée en octobre 2016 a la particularité d’être située en apesanteur. Du moins, virtuellement, mais le milliardaire moustachu rêve à terme de bâtir une station spatiale où poseront pied ses sujets.
Le mec plane complètement. Pour le moment Asgardia est une monarchie dont le roi n’est autre qu’Igor. Celui-ci promet qu’il rendra la couronne dans cinq ans, une fois les élections organisées. D’expérience, ce genre de scénario ne sent pas bon ; mais laissons au roi Igor le bénéfice du doute car les objectifs de ce pays des étoiles, au nombre de trois et annoncés dans le chapitre 1 de la très solennelle Déclaration d’Unité d’Asgardia, sont plutôt bienveillants : « Assurer la paix dans l’espace », « assurer l’égalité des chances dans l’espace pour tous les Asgardiens » et « promouvoir le bien-être de l’humanité ». Gros chantier, donc.
270.000 sujets. Ce qui semblait n’être qu’une bonne blague lors de sa proclamation en octobre 2016, n’en est peut-être pas une : la nation fantoche compte 270 000 citoyens qui planchent actuellement sur un hymne, une devise, un drapeau, un système monétaire et surtout une constitution. À présent, Igor Ashurbeyli veut envoyer dans l’espace un petit satellite, première pierre de son royaume. Les données personnelles confiées par les premiers naturalisés seront stockées dans l’engin. Chaque habitant ayant droit à 300 ko : « Soit la photo de votre petit chat ou celle de votre mère, suggère le bon roi Igor avant d’enchaîner avec enthousiasme, et cela sera conservé aussi longtemps qu’Asgardia existe. C’est-à-dire pour l’éternité ! »
Du plomb dans l’aile. Avant même son décollage, la nation du space king rencontre quelques problèmes. Seulement 16% des citoyens sont des femmes et 70% ont entre 18 et 35 ans. On vous laisse imaginer les complications démographiques qui s’ensuivraient. Également, malgré toute la candeur d’Igor Ashurbeyli, son projet (comme n’importe quelle micro-nation, d’ailleurs) est un casse-tête juridique : depuis 1969, le Traité de l’espace de l’ONU interdit de s’approprier le cosmos, ce qui compromet l’existence légale d’Asgardia. En outre, tout objet envoyé dans l’espace est de la responsabilité du pays d’où il a été lancé. Le premier satellite du milliardaire Russe devrait être lancé depuis Cap Canaveral. Aux États-Unis, donc. Le Royaume des étoiles sera-t-il sous bannière américaine ? Voilà qui risque de fâcher ses sujets.
Malgré tout, le roi ne désarme pas et reste résolu à régulariser son pays. Pour preuve : en 2018 il demandera officiellement à être reconnu par l’ONU. Est-ce qu’Asgardia deviendra le 198e pays de la Terre ? À suivre.
Si vous voulez réserver votre chez-vous dans les étoiles, devenez citoyen(ne) d’Asgardia : asgardia.space