
L’usine, prévue pour être opérationnelle en 2023, sera construite au Chili, en partenariat avec la société suédoise Enviro. L’objectif est de recycler l’intégralité des pneus pour en fabriquer de nouveaux, mais aussi pour alimenter le site en énergie.
Horizon 2048. Les scènes de pneus brûlés et d’épaisses fumées noires, Michelin n’en veut plus. Dévoilé l’année dernière, le plan de l’entreprise pour recycler ses pneus commence à prendre forme. La première étape est la co-construction d’une usine de recyclage pneumatique qui sera installée au Chili, dans la région d’Antofagasta. Dans un premier temps, seulement les pneus du génie civil (issus des activités minières et des engins de travaux), seront recyclés. Michelin estime que le futur site sera en mesure de traiter 30 000 tonnes de pneus par an. L’entreprise compte débuter la construction de l’usine en 2021 pour un lancement en 2023. Pour le groupe français, il s’agit donc de sa première unité complète de recyclage : collecte, traitement et fabrication. À terme, Michelin espère recycler d’ici à 2048 tous ses pneus à travers le monde.
♻️ #circulareconomy Breaking News! We are building our 1st #recycling plant in a joint venture with @envirosystemsAB! The innovative breakthrough, designed to recycle everything in end-of-life tires sets a major milestone in #MichelinSustainableStrategy:https://t.co/q5UFzztF19 pic.twitter.com/GypzRsxigY
— Michelin (@Michelin) February 9, 2021
Concrètement, comment Michelin va s’y prendre ? Il faut déjà savoir qu’un pneu « est principalement composé d’hydrocarbures polymérisés (caoutchouc synthétique ou naturel) (47 %), de noir de carbone pouvant contenir de l’oxyde de silicium (21,5 %), d’acier, de tissu (16,5 %), d’oxyde de zinc et de soufre », comme l’indique AtmoSud, une association de surveillance de la qualité de l’air, dans un rapport sur l’impact des pneus brûlés sur la qualité de l’air. La société suédoise Enviro, partenaire de Michelin sur ce projet, a quant à elle breveté une technologie qui permet de récupérer le noir de carbone, mais aussi l’huile de pyrolyse, l’acier et le gaz. Ensemble, elles vont pouvoir recycler à 100% les pneus usagés : 90% pour en fabriquer de nouveaux (mais aussi pour produire des bandes transporteuses ou des produits antivi-bratoires) et 10% pour alimenter l’usine en énergie. Rien ne se perd, tout se récupère.
Et la France ? Cette première usine nécessite un investissement de 25 millions d’euros. Si cet engagement est à saluer sur le plan écologique, il l’est moins pour les salariés français du groupe. En effet, comme l’indique Le Monde, l’entreprise a récemment annoncé qu’elle comptait supprimer jusqu’à 2300 postes en France dans le cadre d’un « plan de simplification et de compétitivité ». « C’est toujours le même discours : la direction se plaint de l’invasion des pneus low-cost, mais elle est la première à délocaliser vers les pays à bas coût de main-d’œuvre », peste un salarié. Ce n’est évidemment pas la première entreprise du groupe à l’étranger, présente dans plusieurs pays comme le Brésil, l’Inde, les États-Unis ou encore la Thaïlande (en 2016 Michelin comptait 70 sites dans 18 pays).
La question est de savoir si la production industrielle de pneumatiques en France, ou le recyclage de ces derniers, ont un avenir. Et vu les fermetures d’usines en France (et en Europe), la question mérite d’être posée.