
Le pape de la maison écolo
Si vous vous rendez à Jaureguiberry, à une centaine de kilomètres de Montevideo en Uruguay, vous apercevrez en contrebas d’une voie rapide un curieux bâtiment… Hall d’entrée constitué de canettes en aluminium, structures faites de pneus usagés, de bouteilles en verre ou de boites de conserve : bienvenido à la première école durable et autosuffisante d’Amérique du Sud ! Une variante de la maison écolo.
Ce projet, c’est l’aboutissement d’un rêve imaginé il y a près de 40 ans par un certain Michael Reynolds. L’homme traîne depuis 61 ans sa gueule de baroudeur : bandana de Daniel Herrero autour du cou, chapeau d’Indiana Jones sur la tête. Dans les sixties, en pleine époque hippie anti-guerre du Vietnam, il décide de s’investir pour préserver la planète. Et est depuis devenu un des principaux architectes qui promeuvent la maison écolo.
Il a fondé une communauté au Nouveau Mexique
L’objectif ? Construire des bâtiments complètement autosuffisants avec des matériaux recyclables liés par du mortier. Bâtisseur original, “Mike” expérimente dans tous les sens pour concevoir des bâtiments toujours plus verts : panneaux solaires, éolien, traitement des eaux usées, assainissement, toilettes sèches…
Avec d’autres, il fonde une communauté – eh oui, n’oublions pas que le monsieur reste un hippie – à Taos, au Nouveau Mexique, où il construit 70 “earthships”, des maisons expérimentales avec d’autres joyeux lurons. Il y a quelques mois, Détours s’est arrêté sur l’un des chantiers de l’archi-hippie et l’a interrogé sur le fonctionnement de sa communauté :
“Ce monde est pris dans les ténèbres. Moi j’ai juste vu une petite lueur, d’autres l’ont vu aussi et cette lueur a fini par grossir pour former une belle lumière”.

Aujourd’hui, ils sont plus d’une centaine à y vivre et à construire des maisons au style étonnant, toutes autosuffisantes. Chaque année, toute la troupe part sur un chantier : au Malawi, aux Philippines, en Australie… « On est comme une troupe de cirque, on voyage et on vit ensemble : c’est ça Earthship », sourit-il.

L’architecte visionnaire en a tout de même bavé pour en arriver là. En 1990, le Conseil de l’Ordre des architectes du Nouveau Mexique lui retire sa licence après des plaintes de plusieurs clients pour des problèmes d’étanchéité et d’inadaptations. Une licence qu’il récupérera finalement après un bras de fer judiciaire de 17 ans. Un documentaire, Garbage Warriors, lui a été consacré pour retracer son combat et médiatiser son oeuvre ( la maison écolo, la communauté)
Les témoignages de tous ceux qui ont travaillé avec Michael Reynolds s’accordent sur un point : cet homme et son projet ont changé leurs vies et ont donné un sens à ce qu’ils font. “Jusqu’ici, je n’avais jamais eu le sentiment d’apprendre et de faire quelque chose d’utile. Ici, je mets en pratique ce que j’ai appris en cours, la pioche à la main et pour une bonne cause !” , s’enthousiasme Grecia, étudiante architecte vénézuelienne qui a bossé sur le chantier en Uruguay. “Ici, on plante une graine, je ne dis pas qu’on va changer le monde mais c’est important pour moi de faire ma part”, renchérit Lorena, étudiante colombienne en architecture.
Le dernier projet en date de Mister hyperactif Reynolds ? Fonder une communauté zéro déchets/zéro émissions de carbone sur une île en Indonésie, rien que ça !

Crédit photo de Une : © Theo Etchelamendy
Marius Riviere
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