
Après dix ans d’échecs répétés, cette petite voiture pionnière de l’électrique en France va être relancée sur le marché.
Made in Poitou. Souvenez-vous, c’était il y a dix ans de cela. En 2010, tandis que le carrossier Heuliez (de Cerizay dans les Deux-Sèvres) est placé en redressement judiciaire, Ségolène Royal promet pendant sa campagne pour la présidence de la Région Poitou-Charentes de redresser l’entreprise et de constituer au passage une filière pour la voiture électrique dans la région. Heuliez est alors divisée en deux, un côté poursuivant la fabrication des châssis, l’autre démarrant celle des voitures électriques.
Cette dernière société, appelée Mia Electric, voit la Région Poitou-Charentes entrer à son capital – fait inédit – sous l’impulsion de Mme Royal. Ambassadrice de la marque, la socialiste profite de la moindre occasion pour faire la promotion de cette petite auto pas très sexy (admettons-le), en circulant régulièrement à son bord. Sans surprise, les quolibets pleuvent.
La voix royale. Le marché encore balbutiant de la voiture électrique va mettre à mal les ambitions de la présidente de la Région. Après avoir, à maintes reprises, flirter avec le dépôt de bilan et malgré les quelque 20 millions d’euros investis dans la filière, la société annonce le dépôt de bilan en 2013 avant d’être rachetée par le groupe sino-allemand Focus Asia. Nouveau rebondissement en 2016 lorsque ce dernier réclame 26 millions d’euros à titre de dédommagement de la Région Nouvelle-Aquitaine (qui englobe désormais le Poitou-Charentes).
À l’époque, Focus Asia s’estime floué par Ségolène Royal et la Région qui s’étaient engagés à soutenir financièrement Mia Electric lors de la reprise. Finalement, ils avaient préféré financer à hauteur de 10 millions d’euros de petits concurrents régionaux menant Mia Electric à la banqueroute. Rocambolesque… En 2014, Mia Electric était de nouveau placée en liquidation judiciaire puis ses actifs vendus à la société suisse Fox Automotive.
Coucou qui revoilà ? Depuis le temps, plus personne ne pensait entendre parler à nouveau de Mia Electric. Et pourtant… Début décembre, Fox Automotive faisait son entrée à la bourse de Düsseldorf afin de lever plus de 100 millions d’euros en vue de relancer la production de la Mia. Repensée de A à Z – sauf niveau design – cette nouvelle version est dotée d’une batterie plus légère offrant 200 km d’autonomie, d’une vitesse de pointe de 130 km/h et d’une charge rapide (80% en dix minutes). Vendue 16 000 euros, cette nouvelle MIA devrait être mise sur le marché en 2023. Le “désir d’avenir” de Ségolène Royal était peut-être simplement un peu trop en avance sur son temps.