
Proposer aux Français vivant dans les zones les plus polluées de remplacer à moindre coût leurs voitures thermiques par des véhicules moins polluants ? C'est le nouveau projet d'Emmanuel Macron. Mais forcément, il y aura des critères à respecter. On fait le point sur cette mesure phare de la mobilité douce.
Hasard du calendrier. Ce nouveau décret est passée inaperçu, et pour cause : sa publication au Journal officiel a été effectuée le dimanche 24 avril dernier, pile au moment où les Français avaient la mission de départager Marine le Pen d’Emmanuel Macron pour le second tour de la présidentielle. La mesure est tout de même de taille : un an après avoir été dévoilé dans la loi climat, le prêt à taux zéro pour les voitures dites “moins polluantes” est aujourd’hui validé, et cela concerne potentiellement des millions de ménages modestes.
Dans les faits, de quoi est-il question ? De permettre aux habitants de certaines zones à faibles émissions (ZFE) ou villes dépassant fréquemment les seuils de pollution de bénéficier de prêts sans intérêts pour financer l’achat de voitures électriques ou hybrides. La mesure, pour l’heure, concerne une dizaines de métropoles parmi lesquelles le grand Paris, Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, Nice, Toulon, Toulouse, Montpellier ou encore Strasbourg.
Ce quinquennat sera celui de l'accompagnement des Français pour réussir la transition écologique.
À partir de 2023, ceux qui vivent dans les grandes villes qui dépassent les seuils de pollution pourront bénéficier d'un prêt à taux zéro pour acheter une voiture moins polluante. https://t.co/lbZR0e0Aag
— Barbara Pompili (@barbarapompili) April 25, 2022
Comment ça marche ? Comme dans n’importe quel “jeu”, il y a des règles. Pour bénéficier de ce prêt à taux zéro, voici les conditions à remplir :
- Le prêt n’est valable que pour les modèles n’émettant pas plus de 50 g/km de CO2.
- Le modèle doit être une voiture particulière ou une camionnette de moins de 2,6 tonnes.
- La voiture doit coûter 45 000 euros maximum et l’utilitaire, moins de 60 000 euros (avant déduction du bonus écologique).
- Le prêt est réservé aux particuliers ou personnes morales possédant un statut de micro-entreprise.
- La durée de remboursement ne peut excéder 7 ans (84 mois)
- Enfin, ce prêt à taux zéro est uniquement accessible aux personnes touchant moins de 14 000 € par an.
Sur ce dernier point, déjà des dents grincent en arguant que les conditions de revenus excluent les classes moyennes.
Une nouvelle fois, les classes moyennes, les plus intéressées par ce genre d'aide sont évincées. C'est limité à 14 000 euros de revenu par an. https://t.co/t0vp4fNpvL
— Romain Tamburrino (@Romain_Tmb77) April 26, 2022
Le verre à moitié plein, à moitié vide. En termes de mobilité, le bilan du premier quinquennat d’Emmanuel Macron reste il est vrai mitigé : passage (en force) sur la loi 80 km/h, promesse (ratée) du développement national du parc de bornes électriques, la liste est longue. Néanmoins, on peut saluer cette nouvelle disposition alors qu’un récent rapport de Wimoov et de la Fondation pour la Nature et l’Homme établit que 13 millions de Français sont actuellement en situation de précarité automobile, principalement parce qu’ils sont trop dépendants aux énergies fossiles.
La possibilité de renouveler le parc automobile sans intérêts, dans les ZFE premièrement, est donc une première brique qui, on l’espère, sera suivie de cette autre promesse de campagne de Macron visant à proposer aux Français des véhicules électriques en location à moins de 100 euros par mois.
Le prêt à taux zéro, lui, sera expérimenté pendant 2 ans et entrera en action dès le 1er janvier 2023. Avec dans la foulée, on l’espère, une entrée en vigueur sur l’ensemble du territoire.