
On l’a bien compris durant les mois de décembre et de janvier derniers, la mobilité sera l'un des sujets moteurs des prochaines élections municipales à Paris. Alors qu'elles approchent à grands pas, mieux valait donc se renseigner sur les programmes des différents candidats. C'est ce qu'on a fait.
Anne Hidalgo (Parti socialiste)
Vous avez aimé la saison 1, vous allez adorer la saison 2. L’édile souhaite poursuivre la « vélorution » avec comme objectif 100% des rues cyclables en 2024 grâce à un nouveau plan de circulation donnant la priorité aux transports collectifs. Un investissement conséquent qui coûtera 350 millions d’euros sur six ans pour faire de Paris la capitale du vélo, et un choix qui ne va pas faire plaisir aux automobilistes parisiens : près de la moitié des places de stationnement seront supprimées, soit plus de 60 000 emplacements. D’autres annonces vont arriver et on est déjà sûr qu’elles n’iront pas dans le sens des conducteurs de voitures thermiques.
Rachida Dati (Les Républicains)
L’actuelle maire du VIIème arrondissement de la capitale veut mettre un terme à “l’anarchie” qui sévit dans les rues à l’aide d’une (nouvelle) police municipale. Un nouveau plan mobilité sera construit avec des experts et les maires des communes limitrophes afin de fluidifier le trafic. La politique dite anti-voiture prendra fin et un moratoire sera posé sur la suppression des places de stationnement. Au niveau de la transition énergétique, de nombreuses bornes de recharges seront installées dans tous les parkings de la ville.
Benjamin Griveaux (La République en Marche)
Parler de mobilité pour le candidat LREM, c’est parler de pollution et de vie quotidienne. Pour éradiquer la première et améliorer la deuxième, il propose de poursuivre la transition vers un parc de véhicules électriques grâce à une aide financière et au développement sécurisé du vélo (sécurité des biens et des personnes). L’amélioration du trafic, thème cher aux candidats, se résoudra pour M. Griveaux par l’installation de parkings relais aux portes de Paris ainsi que par l’interdiction des bus de tourisme dans Paris. L’écologie est au cœur du projet : il a prévu, s’il est élu, de végétaliser un grand nombre de rues pour les rendre plus résilientes à la chaleur. Avec une idée phare : remplacer la gare de l’Est par de la verdure façon Central Park à New York. La proposition lui a valu pas mal de railleries sur les réseaux sociaux.
Cédric Villani (Le Nouveau Paris)
Le futur ex-député de la majorité l’annonce : s’il est élu, un second plan vélo sera lancé. Le périphérique sera réaménagé avec des passerelles dédiées à la mobilité douce et les 32 kilomètres de la petite ceinture aménagés en une rocade cyclable et piétonne. Il confirme aussi l’objectif de sortie des moteurs thermiques à l’horizon 2030 avec comme accompagnement une augmentation de 50% des aides à l’acquisition de véhicules propres. Mesure qui ne plaira pas aux motards car elle sera financée par la tarification du stationnement des deux-roues motorisés. Cependant, ils pourront être rassurés : la ville sous le règne de Villani connaîtrait moins d’embouteillages grâce à une modélisation mathématique des feux tricolores, des plans de circulations et de fréquence des transports en commun.
David Belliard (Europe Écologie Les Verts)
Chez EELV, la mobilité est portée avec un slogan fort : « Paris libéré de la voiture ». Dix-huit propositions ont été publiées par l’équipe du candidat afin d’offrir une alternative séduisante. En conséquence, les transports en commun seront plus nombreux et moins chers et une nouvelle ligne de tramway sera créée entre les principales gares. Le Paris vert sera 100% cyclable avec la poursuite de la création d’un vélopolitain pour que les cyclistes se déplacent en toute sécurité. Enfin, la politique de livraison du dernier kilomètre sera développée pour que les artisans et commerçants aient des espaces logistiques urbains afin de centraliser leurs livraisons.
Danielle Simonet (La France Insoumise)
Selon la candidate de « Décidons Paris », en binôme avec l’ancien footballeur Vikash Dhorasoo, le problème de la pollution est lié à l’aménagement de la métropole et sa ségrégation spatiale du fait des logiques spéculatives sur le logement. La métropole doit donc se repenser de façon polycentrique afin que ceux qui travaillent à Paris puissent vivre à Paris, la distance logement-travail étant au cœur de l’enjeu écologique des mobilités. Simonnet propose notamment la gratuité des transports en commun et un refus catégorique de la privatisation de la RATP et des lignes de bus. Elle s’engage pour la remunicipalisation de Vélib’ après le fiasco de Smovengo ainsi que pour l’interdiction du free floating qui envahit l’espace public. Si elle est élue, la ville de Paris réalisera (comme David Belliard) le vélopolitain, un nouveau plan de circulation pour empêcher les « raccourcis Waze » ; la mairie offrira à chaque jeune de 16 ans un vélo pour faire entrer Paris dans la culture du vélo. Cheval de bataille de la candidate, les VTC. Leur nombre devrait être réglementé avec ratio d’un VTC pour 30 taxis, comme à Barcelone.
Serge Federbusch (Aimer Paris, avec le soutien du Rassemblement National et du Parti chrétien-démocrate)
La mobilité rêvée pour le candidat Federbusch à Paris est un trafic fluide dans la capitale. Une de ses mesures phares est d’inverser le travail d’Anne Hidalgo : rendre les voies sur berge aux voitures et piétonniser les quais hauts. Un de ses autres projets rappelle les plus belles idées des années 1960 : il s’agit de creuser un tunnel routier entre le Trocadéro et Sully-Morland. Rien qu’avec ces deux projets, on est sûr que si Federbusch est élu, on pourra traverser la ville d’est en ouest à la vitesse d’un RER mais… en voiture.
Christophe Berkani (Liste Citoyenne)
Candidat issu de la société civile, Christophe Berkani tient de nombreux objectifs en matière de mobilité. Sa priorité est la création d’un réseau cyclable continu et structurant à partir de rues totalement dédiées aux mobilités douces. Un remodelage de la voirie se poursuivant aux portes de Paris, car le candidat nous a déclaré vouloir reconfigurer certaines portes conçues comme des déversoirs à voitures. Berkani souhaite les organiser comme des points d’entrées où l’on pourrait se séparer de son auto grâce à des parkings à proximité des réseaux de mobilités, comme le nouveau réseau cyclable créé. L’objectif est donc de donner des cartes à ceux qui lâcheront le volant.
Marcel Campion (Libérons Paris)
En 79 ans de vie à Paris, Marcel Campion n’avait jamais vu un tel capharnaüm sur les routes. Il souhaite un partage équitable entre tous les moyens de transport car si le vélo est une bonne chose, la ville ne doit pas pour autant devenir 100% deux-roues. S’il est élu, il veut rouvrir les berges de Seine la semaine aux voitures et le week-end aux piétons et souhaite aménager des parkings aux portes de Paris. Ils seront accompagnés de navettes afin d’emmener les conducteurs aux points névralgiques de la capitale.
Gaspard Gantzer (Parisiennes, Parisiens)
Sa mesure phare ? La suppression du périphérique. Il se donne vingt ans pour le déconstruire et le végétaliser. Il laissera sa place à des zones boisées ainsi qu’à de nouveaux projets immobiliers afin d’aider à résoudre le problème du manque de logements sur la capitale.