
Les pires accidents se produisent toujours aux mêmes endroits. Une raison suffisante pour refuser le retour de la limitation de vitesse à 90 km/h ?
Suite à la fronde nationale contre l’abaissement de la vitesse à 80 km/h sur le réseau routier secondaire, le gouvernement a fini par lâcher du lest. Un amendement permet désormais aux collectivités locales de rehausser la limitation à 90 km/h sur certaines routes ; la règle nationale restant fixée à 80 km/h. Pour s’assurer un regain de sympathie avant une année électorale, on s’attend à ce que les élus suivent cet élan. D’ailleurs, 49 présidents de conseils départementaux ont déjà dit : « Go ! » Mais c’était sans compter sur la Ligue contre la Violence Routière.
2006-2019, ça fait combien de morts ? Pour convaincre les maires que les 80 km/h sont un mal nécessaire, cette association a procédé à une démonstration factuelle. Pour cela le professeur Claude Got, médecin et expert en sécurité routière, a recoupé les chiffres de mortalité depuis 2006 et réalisé une cartographie. Ces cartes, le Journal du Dimanche y a eu accès en exclusivité. Au total c’est l’histoire de 40 000 kilomètres de route hors agglomérations et réseaux autoroutiers qui s’écrit sous nos yeux, en lettres de sang. Avec une même conclusion : c’est la vitesse qui tue.
Ces cartographies démontrent que 50% des accidents mortels ont lieu sur seulement 15% des routes de chaque département, en moyenne.
En d’autres termes, on meurt toujours au même endroit, et c’est souvent à l’orée des agglomérations. Comme le clame la présidente de la Ligue, Chantal Perrichon : « Les drames se produisent sur les belles départementales. Ce n’est pas la qualité de la voie qui fait la différence, c’est la vitesse et l’importance du trafic. »
La Ligue contre la violence routière publie une série de cartes impressionnantes contre le retour du 90 km/h. Elles localisent les victimes de la bagnole, hors agglomérations et autoroutes. Et démontrent que c'est sur les "belles routes" qu'on meurt le + https://t.co/xLjO5e2LWL pic.twitter.com/odg705AP96
— Arnaud Ferrat (@arnoferrat) September 1, 2019
Toujours mourir au même endroit. Dans la majorité des départements, on dénombre 4 ou 5 routes nationales où les automobilistes viennent s’encastrer. Plus ils vont vite, plus leurs accidents sont mortels. Le professeur Got le martèle en conclusion de chaque carte : « Augmenter sur ces voies la vitesse maximum autorisée de 80 à 90 km/h ne peut donc qu’accroître les nombres d’accidents, de tués et de blessés. » La Ligue Contre la Violence Routière va maintenant envoyer ces cartes et ses conclusions à 40 000 maires et parlementaires. Libre à eux de prendre la décision relever la vitesse sur les axes les plus meurtriers de France, en pleine conscience.
Crédits iconographies : Le JDN / Ligue Contre la Violence Routière