
Alors que Google vient d'annoncer l'ouverture en Chine d'un laboratoire dédié à l’intelligence artificielle et que 2018 devrait plus que jamais être l'année des robots, la question semble plus que jamais d'actualité. C’est en tout cas ce que redoutent des experts comme Stephen Hawking ou Elon Musk.
Course à l’armement. Ce n’est pas une nouveauté, Elon Musk est obsédé par l’intelligence artificielle. Contrairement à pas mal de ses petits camarades de la Silicon Valley qui s’abandonne à une sorte de techno-béatitude un peu gênante, le patron de Tesla et SpaceX s’est toujours montré beaucoup plus perplexe. On se souvient qu’à l’été 2015, Musk – ardemment soutenu par Stephen Hawking – portait un manifeste visant à alerter les États des risques inhérents au développement d’une Intelligence Artificielle si puissante qu’elle échapperait à tout contrôle.
Sa grande peur ? Que l’intelligence artificielle soit utilisée dans le cadre d’une course à l’armement, se traduisant notamment par l’émergence de robots tueurs en mesure de combattre sans intervention humaine.
“Si les gens conçoivent des virus informatiques, quelqu’un finira par concevoir une intelligence artificielle qui s’améliorera et se répliquera elle-même. Ce sera une nouvelle forme de vie qui surpassera les humains.” (Stephen Hawking)
Serial Flingueur. S’il y a une chose que l’on ne reprochera pas au patron de Tesla et Space X, c’est sa constance sur le sujet. En juillet 2017, Elon Musk était déjà monté d’un cran et avait réclamé de véritables textes de loi visant à réguler l’intelligence artificielle. En réponse à Mark Zuckerberg qui le trouvait « négatif et irresponsable » à se focaliser à tout prix sur « des scénarios catastrophes », Musk se faisait un plaisir de le dézinguer : « J’ai discuté avec Mark de tout ça. Sa compréhension du sujet est très limitée. » Ambiance…
Des IA capables de (se) déclarer la guerre. À dire vrai, Elon Musk se saisit désormais de chaque occasion pour dénoncer « la plus grande menace pesant sur notre civilisation ». Horrifié par un article de The Verge consacré à Vladimir Poutine dont la conviction était que « le pays qui possédera l’intelligence artificielle la plus performante deviendra probablement le “dirigeant du monde », Musk est allé encore plus loin dans ses déclarations et a exposé sur Twitter son pressentiment que la compétition entre les États pour développer une intelligence artificielle conduira à la Troisième Guerre mondiale.
China, Russia, soon all countries w strong computer science. Competition for AI superiority at national level most likely cause of WW3 imo.
— Elon Musk (@elonmusk) 4 septembre 2017
Musk redoute qu’un tel conflit ne soit même pas déclaré par les pays eux-mêmes, mais par des intelligences devenues assez puissantes et autonomes pour se passer de chaînes de commandement en chair et en os – un peu comme dans La menace fantôme de George Lucas.
War Games. Si le fait d’agiter le drapeau « Troisième Guerre mondiale » est une nouveauté, ces récentes déclarations font écho à ce qu’il défendait déjà en juillet devant des gouverneurs américains, tandis qu’il assurait : « Je n’arrête pas de sonner l’alarme mais jusqu’à ce que les gens voient vraiment des robots tuer des personnes, ils ne sauront comment réagir, tellement ça leur paraît irréel. »
Pas hyper joyeux lorsqu’on sait que la mise en garde vient d’un homme qui a développé l’une des technologies les plus avancées en matière d’intelligence artificielle avec ses voitures. Conjurons donc le sort en brûlant des vieux ordinateurs et en priant pour qu’il soit entendu. En France, c’est le député Cédric Villani qui est en charge d’une réflexion globale sur ce qui pourrait être notre salut ou notre perte. Une grande consultation publique a ainsi été lancée pour proposer aux citoyens de contribuer à ce vaste débat. Vous avez jusqu’au 6 janvier pour apporter votre pierre à l’édifice.