
Les objectifs importants de réduction des émissions de CO2 imposés par l’Europe obligent les constructeurs à investir beaucoup en recherche et développement. Cela pourrait avoir un effet à la hausse sur le prix des nouvelles voitures.
Après la guerre sur le coût du carburant, aurons-nous droit à un nouveau conflit sur le prix des voitures ? C’est ce que redoute l’association des constructeurs automobiles européens. Dans un communiqué publié il y a quelques jours, le groupement joue la carte de l’inquiétude et craint que les « familles à bas et moyen revenu n’accepteront pas des standards de CO2 qui auront un impact négatif sur leur liberté de mobilité. »
Objectif moins 40 %. Derrière cette phrase, les constructeurs dénoncent les dernières mesures du Conseil européen. Pour rappel, les États membre se sont mis d’accord sur une réduction de 20 % des émissions de CO2 des voitures neuves en 2025 et 35 % pour 2030. Sauf que, dans ce débat, la Commission européenne aimerait aller encore plus loin, et réussir à impulser un 40 % d’émissions en CO2 en moins pour 2030.
Une hausse des couts de développement. Forcément, les constructeurs ne sont pas ravis. Cela sous-entend de d’investir énormément en recherche et développement, et de produire beaucoup de voitures électriques et d’hybrides, sans être totalement sûrs que le marché sera en mesure d’absorber la production.
7000 euros en plus. Tout cela aura pour effet mécanique d’engendrer une hausse probable des prix des modèles pour amortir ces investissements. Or, en moyenne, un hybride rechargeable coûte déjà 7 000 euros de plus qu’un modèle thermique équivalent. Et au bout du compte, c’est évidemment le consommateur qui va payer.
L’Union Européenne risque de rendre les voitures trop chères pour les ménages aux moyens modestes.
L’association des constructeurs automobiles européens, en la personne de son président, Carlos Tavares, n’y va pas par quatre chemins : « Les objectifs proposés actuellement vont bien au-delà de ce qui est économiquement et socialement justifiable. […] La vitesse à laquelle le changement est conduit doit être soutenue par l’ensemble de la société, y compris par les moyens et faibles revenus. » Et au grand patron de conclure : « En poussant des réductions d’émissions de CO2 trop ambitieuses, l’Union Européenne risque de rendre les voitures trop chères pour les ménages aux moyens modestes. »
Or, nous l’avons bien vu avec la crise des gilets jaunes, c’est la question de la mobilité entravée qui a entraîné la révolte. Les constructeurs l’ont bien compris. Même s’ils défendent leurs intérêts, leur mise en garde est tout ce qu’il y a de plus fondée. On n’a pas fini d’en parler de cette transition écologique mobile…