
Ou plutôt « aménagée » pour reprendre les propos d’Emmanuel Macron. Ce qui pourrait, in fine, revenir un peu au même.
Les lois, il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent. Souvenez-vous, c’était en 2018 : le gouvernement annonçait l’entrée en vigueur de deux lois mobilité contraignantes ; la limitation à 80km/h sur les routes secondaires et l’arrivée des voitures radars privées. Les deux mesures, largement critiquées par les experts et les automobilistes, sont de l’avis général l’étincelle qui a donné naissance au mouvement gilet jaune à l’automne dernier. Fatigués d’être taxés de toutes parts, limités dans leurs mouvements et qui plus est punis, les gilets se ruèrent en masse, par vengeance, sur les radars fixes. Au point que 6 sur 10, notamment sur les routes secondaires, sont aujourd’hui détruits.
« Les 80 km/heure étaient une connerie. » C’est dans ce contexte pour le moins tendu qu’un Français déclarait en décembre dernier que « la loi 80 km/h, c’était une connerie ». Ce Français, c’est Emmanuel Macron. Lors d’une visite dans les Yvelines, le 7 décembre, le Président semblait avouer l’inutilité de cette mesure, mais sans pourtant revenir dessus. Mais ça, c’était avant les « actes » hebdomadaires des gilets jaunes ; un mouvement toujours en cours qui bouscule le gouvernement au point que cette loi commence à vaciller. En discussion avec les maires le mercredi 15 janvier, le même Macron semble avoir ouvert la porte de sortie à cette loi contestée : « Il faut ensemble que l’on trouve une manière plus intelligente de la mettre en œuvre. Il n’y a pas de dogme. » Traduction : cette loi met une pagaille telle que le Président se dit prêt à écouter les alternatives possibles. On aurait peut-être dû commencer par là, non ?
Communication à deux voies. Ces propos viennent contredire – encore une fois – ceux d’un autre poids lourd du gouvernement, à savoir Castaner. Celui-ci déclarait récemment que “les 80 km/h n’ont qu’un objectif : sauver des vies, et je crois que nous pouvons tous nous retrouver autour de cet enjeu simple“. Tout en précisant que si la période test (fixée à deux ans) ne portait pas ses fruits : « Alors oui, on pourrait revenir au 90km/h. » Vu la grogne généralisée, pas sûr que l’expérimentation aille à son terme. Vingt-huit présidents de départements ont déjà proposé un passage de la loi à deux vitesses avec le 90km/h autorisé sur certaines routes. À voir si le « grand débat » saura faire définitivement tomber les panneaux 80km/h.