La bagnole la plus cool du monde ? Si l’on évoque souvent les grands constructeurs et les belles histoires à succès, on met souvent dans un placard celles qui ont terminé leur course dans un mur. C’est le cas de Vector Aeromobile, et de son fondateur, Jerry Wiegert. Cet Américain, qui a débuté sa carrière dans le design automobile au début des années 1970, avait une seule ambition : rivaliser avec Porsche, Ferrari et Lamborghini. Autrement dit, il voulait que les États-Unis puissent fièrement présenter un bolide de compétition qui fait rêver.

Les débuts sont prometteurs. Jerry parvient à fabriquer un premier prototype baptisé The Vector qui ressemble étrangement à une Lamborghini couplée à une DeLorean. À l’intérieur, Jerry s’inspire des cockpits des avions d’attaque, notamment du Lockheed Martin F-117 Nighthawk. Clairement, la voiture a de la gueule. En avril 1972, le magazine Motor Trend publie un numéro avec la bête de course en Une. L’histoire est en marche, mais elle prend un temps fou à se structurer. Ce n’est qu’en 1978 que Jerry revient avec un modèle capable de rouler. L’engin est présenté sur différents salons et parcourt 160 000 kilomètres pour tester sa fiabilité. Les résultats sont concluants. Son look est fast and furious. Mais entre les premiers essais et le lancement de la production, dix années s’écoulent. Le temps de trouver des investisseurs et les fonds nécessaires.

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— JohnPierceIX (@JohnPierceIX) July 28, 2019

Mec, elle est où ma caisse ? On retrouve Jerry en 1989. La voiture, rebaptisée Vector W8, possède 650 chevaux et un moteur V8 de Corvette à double turbo. Elle peut atteindre, attention les yeux, les 389 km/h. L’engin possède une boite de vitesse automatique à trois rapports. Son châssis semi-monocoque est en aluminium et la carrosserie est en fibre de carbone et en kevlar, comme l’indique Carjager. Si le bolide suscite l’intérêt des médias, Vector Aeromobile, qui a le feu vert des banques, peine à respecter des délais de construction convenables — souvent plus de deux ans. Dans un article de Car and Driver, le fondateur est décrit ainsi : « Jerry est un Enzo Ferrari de seconde classe, sans les cheveux blancs, le fils mort, la piste d’essai de Fiorano et le soutien massif de Fiat ». Dur, mais réglo.

Car si les ambitions étaient à l’image des rêves américains, seulement 17 exemplaires de la W8 ont été construits. On dit que le tennisman Andre Agassi en possédait une, mais la voiture avait été prêtée par Jerry, semi-pro du marketing. Il faut dire que son prix, autour de 400 000 dollars, faisait l’effet d’une douche froide. Les clients potentiels ne se presseront donc pas pour avoir leur exemplaire dans le garage.

L'ingénieur Jerry Wiegert est décédé à l'âge de 76 ans. Il était le créateur de la marque automobile et de la supercar américaine Vector et de la fameuse Vector W8 pic.twitter.com/KHsxxTUqJE

— FredericEuvrard (@FredericEuvrard) January 21, 2021

Jerry tente alors un dernier coup de poker pour racheter Lamborghini à Chrysler et financer son prochain modèle, la Avtech WX3. Il se lie alors au fond d’investissement indonésien Megatech. La manœuvre échoue et Jerry finit par prendre le contrôle de Vector Aeromobile. La firme décide de virer le fondateur, qui perd la propriété de sa marque — pour la petite histoire Megatech rachète en novembre 1993 Lamborghini à Chrysler.

Dans les années qui suivront, différents groupes rachèteront et revendront Vector Aeromobile, mais aucune n’arrivera à réaliser le rêve de Jerry Wiegert. Le rêve américain dans toute sa splendeur. La seule chose positive ? Quand on n’a pas de succès, on devient culte. Et c’est le cas le Vector W8. 

Crédit photo :@RM Sotheby’s

The classic example of a 90's supercar, the rare Vector W8 Twin Turbo, is up for auction at Sotheby's pic.twitter.com/KdXfY6qdgr

— 𝕭𝖊𝖓𝖓𝖞 𝕭. (@bennyunrtd) January 20, 2020