
Pour le président de la commission environnement du Parlement européen, c'est oui. Pascal Canfin a indiqué dans une interview qu’il souhaitait que l’Europe vote un texte obligeant les entreprises européennes à acheter uniquement des véhicules électriques dès 2030 lors du renouvellement de leurs flottes.
7 ans pour tout changer. Comme vous le savez sûrement déjà, l’Europe interdira la vente de voitures diesel et essence en 2035. Cette décision, qualifiée « d’historique », a été prise afin de réduire les émissions de CO2 et afin d’atteindre les objectifs climatiques européens. Mais les entreprises ne seront peut-être pas logées à la même enseigne.
Dans une interview pour le site spécialisé Autoactu, Pascal Canfin, président de la commission environnement du Parlement européen, a évoqué son souhait de faire voter un texte concernant les entreprises afin qu’elles soient obligées d’acheter des véhicules électriques dès 2030 — donc leur interdire la vente de thermiques dans sept ans. Selon Pascal Canfin, cette stratégie permettrait aux ménages d’acheter des véhicules électriques moins chers en 2035 car les entreprises changent régulièrement les voitures qui composent leurs flottes. Ces voitures pourraient ensuite se retrouver sur le marché de l’occasion. « Nous devons pousser au maximum les ventes de véhicules électriques dans les flottes d’entreprises, car cela permet d’alimenter le marché de l’occasion. Voilà pourquoi je me prononce pour l’obligation d’acheter 100% de voitures électriques pour les flottes des entreprises dès 2030 », a indiqué le président.
#MARCHE Si une obligation d’achat de véhicules électriques (ou au moins zéro émission) était adoptée pour les entreprises pour le renouvellement de leur flotte à partir de 2030, cela accélèrerait singulièrement le calendrier. https://t.co/pP5tMvl4Lh
— AUTOACTU.COM (@AutoactuC) February 9, 2023
Une Europe divisée. En attenant de voir si l’Europe se positionne en faveur d’une telle réglementation, en France, la loi d’Orientation des Mobilités (LOM) oblige déjà les entreprises qui gèrent des parcs automobiles de plus de 100 voitures à avoir des « véhicules à faibles émissions » dans leurs flottes, à savoir des hybrides rechargeables, des hydrogènes ou des électriques. Le taux était fixé à 10% en 2022 et il grimpera au fil des années, passant à 20% en 2024 puis à 40% en 2027 et enfin à 70% en 2030. Une loi européenne pourrait donc venir chambouler ce calendrier tout en accélérant la transition écologique.
Pour les entreprises, et même si l’achat d’un véhicule électrique comporte des avantages (bonus écologique, exonération de la taxe sur la carte grise, aides des collectivités locales, etc.), il faudra s’assurer que les réseaux et les infrastructures ne soient pas des freins à leur mobilité ou à leur activité professionnelle. Si la France ou encore l’Allemagne ont pris le virage de l’électrique, comme l’indique l’Argus, d’autres pays européens sont moins en avance, comme l’Italie, la Slovaquie, la Croatie ou encore la Grèce. L’Europe semble divisé en deux sur l’électrique. Et une loi qui mettrait tout le monde sur un pied d’égalité pourrait fragiliser certains pays plus que d’autres.
Convertir plutôt que tout changer ? Comme le rappelle Frandroid, cette mesure ne serait pas non plus une solution miracle. Car la demande en matériaux (nickel, cobalt, lithium, etc.) augmentera pour fabriquer les nouvelles voitures électriques. Or, on sait que l’extraction de ces matières premières est polluante, énergivore et désastreux pour l’environnement. Selon le média, des aides pour booster le rétrofit — transformer une thermique en électrique — ainsi que le développement des transports en commun et du vélo électrique sont également des pistes à étudier, surtout en ville.
Quoi qu’il en soit, l’idée est maintenant sur la table des négociations. De nombreux points doivent être discutés et clarifiés (quelles entreprises seront concernées, les aides, etc.) avant d’aboutir à une loi. Mais la ligne directrice de l’Europe concernant le développement de l’électrique est claire.