
Plusieurs groupes d’élus du Conseil de Paris militent pour interdire, ou alors mieux réguler, les trottinettes en libre-service dans la capitale. Le sujet sera discuté pendant les séances municipales prévues cette semaine.
Trottinette sur la sellette. Est-ce bientôt la fin d’une époque pour les trottinettes en libre-service ? Depuis quelques mois, elles sont dans le viseur de certains élus parisiens. Stationnement, sécurité, incivilité, accident : l’usage de cet engin adopté massivement par les urbains fait débat. Mais Maud Gatel, la présidente du groupe Modem au Conseil de Paris, est catégorique : « On demande que les contrats ne soient pas renouvelés ». Les contrats, ce sont ceux qui lient les trois opérateurs — Lime, Dott et Tier — à la ville de Paris jusqu’en février 2023 pour l’exploitation des trottinettes. L’ambition est claire : interdire leur usage en ville.
Mais le sujet divise. Et sera débattu lors des prochaines séances qui ont lieu cette semaine. Au niveau des élus de gauche, on penche plutôt sur l’interdiction. Sur BFM TV, Maud Gatel précise qu’est demandée « l’interdiction d’utilisation aux mineurs comme ça se fait dans d’autres villes, notamment à Lyon, et la mise en place par les opérateurs de l’impossibilité technique de démarrer les trottinettes si vous êtes plus d’une personne. Notre but c’est de demander à terme l’interdiction des trottinettes en libre-service ». À droite, les discussions seront portées sur un meilleur encadrement (immatriculer les trottinettes pour faciliter la verbalisation, extension des zones limitées à 10km/h, etc.).
L’indispensable pacification de l'espace public parisien passe par l'abandon de l'offre des trottinettes en libre service. Je demande par un voeu le non renouvellement des contrats avec les opérateurs. Il est temps de dire stop #conseildeParis
https://t.co/IPXLJSHC7J— Maud Gatel (@maudgatel) November 10, 2022
99,99%. Pour tenter de diminuer le nombre d’accidents impliquant des trottinettes (298 accidents, causant deux décès et 329 blessés en 2021, d’après Le Monde), David Belliard, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des transports, avait « déjà menacé les opérateurs de location de trottinette en libre-service d’un non renouvellement de contrat », écrit BFM TV. Au journal Le Monde, l’adjoint a précisé que « ce mode de déplacement n’est pas vertueux, puisqu’il se substitue à la marche. Les accidents ont augmenté de 189 % depuis 2019, et la trottinette génère un climat anxiogène, au moment où la réorganisation de l’espace public ».
La mairie de Paris avait alors demandé aux opérateurs de trouver des solutions pour résoudre les problèmes. Les trois sociétés ont rendu leur rapport chiffré sur l’utilisation des trottinettes à Paris, le stationnement et les causes des accidents. Par exemple Lime explique qu’entre janvier 2020 et juin 2022, plus de 99,99 % des trajets dans la capitale se sont déroulés sans heurts. Selon l’opérateur, 96 % des trottinettes sont bien garées. Des propositions concrètes ont aussi été faites aux élus pour un meilleur encadrement.
Dott vehicles are now available on the Bonjour RATP app.
The integration will help more Parisians discover efficient and affordable travel, combined with other modes of transport. https://t.co/ZF4hITFWGk pic.twitter.com/PscomVXlHA
— Dott (@Dott) October 12, 2022
S’il y a des points à améliorer, interdire en 2023 la trottinette serait néanmoins un contre-sens, que ce soit au niveau écologique (les trottinettes sont électriques et consomment moins que les scooters électriques) ou sur l’axe de la mobilité douce. À Paris comme dans de nombreuses autres villes, elles sont utilisées au quotidien par de nombreux citadins. Lime explique dans son rapport, qui a été consulté par Actu Paris, qu’un « trajet en trottinette Lime commence toutes les quatre secondes » à Paris.
Ni la ville ni les opérateurs ont intérêt à ce que les trottinettes disparaissent des rues. D’où l’importance des prochaines discussions pour trouver un terrain d’entente et faire en sorte que les utilisateurs aient les cartes en main pour adopter les bons comportements. Et aussi éviter qu’on retrouve tous ces usagers dans le métro collés comme des sardines.