
Le 25 février dernier, l'Europe annonçait que les deux et trois roues motorisés seraient dès 2022 dans l'obligation de passer sur le billard pour une révision tous les deux ans. En France, on ne l'entend pas de cette oreille et la mobilisation générale pourrait bien faire plier la décision.
Après les gilets jaunes, les gilets noirs ? Trois ans après les manifestations qui immobilisèrent le pays pendant de nombreux mois, les Français se remobilisent. Certes, ils sont moins nombreux, mais les 2,3 à 2,5 millions de propriétaires de motos l’ont assez mauvaise pour avoir envie de descendre dans la rue. La raison du courroux ? Une décision de la commission des transports et du tourisme au Parlement européen d’imposer dès l’année prochaine un contrôle technique obligatoire pour les deux roues et les trois roues motorisés. Et le vote fut unanime : 48 voix pour, 1 seule contre. Pour celles et ceux qui ont dit non à la voiture, ça ne passe pas : selon la Fédération française de motards en colère (FFMC) moins de 1% des accidents sont causés par des défaillances techniques.
Plusieurs centaines de motards manifestent dans Clermont-Ferrand ce samedi après-midi. Ils protestent contre le contrôle technique moto. #motards #moto #puydedôme pic.twitter.com/qjrRBdLMH6
— France Bleu Pays d’Auvergne (@FBAuvergne) March 13, 2021
Errare humanum est. Si 1% des accidents sont dûs à la technique, c’est donc que dans 99% des cas, c’est le conducteur qui est en cause. Mais pour l’Europe, l’explication ne tient pas. Quand bien même le nombre de morts sur les routes européennes a baissé de 23% entre 2019 et 2020 (source : commission européenne), Bruxelles souhaite aller vers le risque 0 en imposant une révision tous les deux ans sur les deux et trois roues, et même quad, et ce même lors de la revente du véhicule. Les détracteurs du projet accusent Dekra, leader européen du contrôle technique, d’agir en coulisses (traduction : de réaliser un intense lobbying) sur ce marché estimé à 1,5 milliard d’euros. Vraie ou pas, l’allégation risque malgré tout d’aller dans le mur tant il est difficile de s’élever contre les propositions visant à sécuriser les conducteurs.trices. Et pourtant, reste un “espoir”.
Suite à la demande de la #FFMC, la France clarifie sa position sur le contrôle technique deux-roues :
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— Moto Magazine (@Motomagcom) March 19, 2021
La France ne l’entend pas de cette oreille. Sommé de s’expliquer sur ce projet de loi après avoir été interpellé par la FFMC, le gouvernement français semble avoir été réceptif aux arguments anti-contrôle technique. Lors d’une réunion ce 17 mars avec le Ministère des transports, les responsables français laissaient subtilement entendre que le pays comme les infrastructures ne seraient jamais prêtes pour le 1er janvier 2022 ; façon de repousser à plus tard le couperet… déjà repoussé précédemment par l’Assemblée nationale et le Sénat. Le doute semble donc encore planer sur l’application de cette mesure ; du moins en hexagone.
Quant à la Fédération Française des Motards en Colère, elle n’oublie pas d’être aussi constructive : elle propose simplement une meilleure sensibilisation au port des protections, ainsi qu’une meilleure formation des conducteurs, pour éviter le pire. Après avoir réussi à faire céder le gouvernement sur l’interdiction aux motards de circuler entre les voitures dans les bouchons, peut-être une nouvelle “victoire” sur la ligne d’arrivée ?