
Nos tombes de demain seront des espaces numériques.
Alors que l’entretien des sépultures coûte une certaine somme et un effort considérable, le Japon a choisi comme destination finale des tombes numériques. Notre repos éternel s’effectuera dans des sortes d’ordinateurs.
Avec une densité de population extrêmement conséquente, le Japon n’a pratiquement plus de place pour vivre. D’où la création de terre-pleins industriels dans les différentes baies de l’île et la construction de bâtiments qui toucheraient presque les toits du monde. Le problème se posait également pour les cimetières, jusqu’à ce qu’un japonais regarde vers l’avenir tout en respectant les traditions portées par sa culture.
Ruriden est un cimetière numérique situé dans le quartier Koukoko-Ji à Tokyo. Au sein de ce bâtiment qui a davantage l’allure d’un vaisseau spatial que d’un immeuble classique, résident près de 2045 statues de Bouddha. Toutes fonctionnant grâce à des LED.
C’est le prêtre bouddhiste Taijum Yajima qui a eu l’idée de créer ce lieu de culte en 2006. De son côté, Yumiko Nakajima, comme toute femme japonaise, est censée être mise en terre avec son mari. Mais à sa mort, une partie d’elle restera à Tokyo, dont elle est originaire, tandis que la moitié de ses cendres rejoindra son mari à Kyoto, décédé il y a deux ans. Comme elle l’explique à Motherboard, « [elle] n’avait pas envie que ses proches soient contraints d’entretenir une tombe lorsqu’elle sera morte ». Et comme nous n’en sommes pas encore à jouir d’un repos éternel dans l’espace comme dans Starship Troopers, ni à ne faire qu’un avec la Force comme les Jedi, cette solution vient s’inscrire dans l’ère du temps tout en projetant l’humanité dans le futur. « [elle] n’avait pas envie que ses proches soient contraints d’entretenir une tombe lorsqu’elle sera morte ». Et comme nous n’en sommes pas encore à jouir d’un repos éternel dans l’espace comme dans Starship Troopers, ni à ne faire qu’un avec la Force comme les Jedi, cette solution vient s’inscrire dans l’ère du temps tout en projetant l’humanité dans le futur.
Ce sont pourtant des raisons économiques et sociales qui ont rapidement convaincu le prêtre Taijum Tajima de se lancer dans son projet. Au Japon, la natalité est en déclin, il y a peu d’espaces disponibles pour accueillir les défunts et l’entretien d’une sépulture coûte cher pour une famille de la classe moyenne. En effet, s’occuper d’un espace qui contient plusieurs dizaines de cendres de ses parents tient d’une obligation morale mais surtout historique pour un nippon. Le festival d’O-bon qui survient tous les ans pendant 3 jours, célèbre même les défunts et les esprits des ancêtres. En combinant respect des traditions et technologie, le cimetière numérique de Ruriden se place donc en alternative à la fois crédible et peu onéreuse.
Non, la spiritualité des Japonais ne s’illustre pas uniquement dans la culture populaire des mangas et dans les films de Miyazaki. Mais surtout, souvenons-nous que les Japonais ont grandement contribué à l’essor technologique de l’humanité, des jeux vidéo au DVD en passant par l’appareil photo numérique. Et bien évidemment, les nouilles instantanées. Ce n’est tout de même pas rien.