
Vantés par ici, décriés par là, on entend beaucoup de choses sur les carburants synthétiques. On s’arrête à la pompe et on fait le point.
Potion magique. Porsche planche dessus pour trouver une alternative à l’électrique et la survie de la Formule 1 en dépendrait même. Le carburant synthétique est la potion magique du monde de la mobilité et sa mise en œuvre commence à se frayer un chemin parmi les alternatives crédibles aux énergies fossiles. Mieux : cet « e-fuel » dont on parle de plus en plus s’annonce parfois comme le héros qui sauvera les moteurs thermiques. Problème : ils ne font pas l’unanimité, loin de là. On vous explique.
MotoGP. La F1 envisage de passer au 2-temps à carburant synthétique https://t.co/4Vaqop8TMw pic.twitter.com/HnfMhiKu3S
— Paddock-GP (@Paddock_GP) January 12, 2020
Le synthétique, c’est fantastique ? Très schématiquement, pour fabriquer cette essence synthétique, il faut séparer l’hydrogène de l’oxygène contenu dans l’eau grâce à l’électrolyse. Un processus particulièrement gourmand en électricité, ce qui a conduit par exemple Porsche à installer une usine au Chili pour utiliser en majeure partie de l’énergie éolienne. L’étape suivante consiste alors à combiner l’hydrogène au CO2 présent dans l’air (plus exactement au carbone filtré) pour obtenir du méthanol synthétique. Un méthanol qui peut dès lors être converti en carburant.
Tombé sur un NOx. À partir de là, si l’on utilise une source verte – solaire ou éolienne entre autres – pour concevoir ces carburants synthétiques, on a toutes les raisons de penser que ces derniers sont particulièrement peu polluants – les taux d’émission de CO2 affichés étant très bas.
Seulement voilà, seuls ces derniers taux sont pris en compte, omettant les rejets d’oxyde d’azote (NOx) – gaz lui aussi très polluant. Pour en avoir le cœur net, l’ONG Transport & Environment a commandé une étude à l’organisation IFP Énergies Nouvelles (IFPEN) qui le confirme : les carburants synthétiques émettent des niveaux de NOx aussi élevés que… ceux de l’E10 standard – et même beaucoup plus de monoxyde de carbone et d’ammoniac. Les chiffres sont accablants : tandis que le sans-plomb classique rejette 24 mg/km de NOx, les carburants synthétiques s’élèvent à 22 ou 23.
Une étude de Transport&Environment révèle que les gaz émis par les carburants de synthèse seraient autant voire plus dangereux pour la santé que l’essence. https://t.co/pPpVoslFsq
— AutoPlus (@AutoPlusMag) December 11, 2021
Comme le résume Julia Poliscanova – directrice des véhicules et de la e-mobilité chez T&E – les carburants synthétiques seraient de la poudre de perlimpinpin : « Aucun artifice ne peut venir à bout de la combustion des hydrocarbures. Tant que le carburant sera brûlé dans des moteurs, l’air sera toxique dans nos villes. Les législateurs qui offrent des zones grises aux e-carburants condamnent le public à des décennies supplémentaires de pollution atmosphérique évitable ». Dur. Mais peut-être juste.