
En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées pour faire sans.
Illustre inconnu. En pleine transition énergétique, la voiture électrique a le vent en poupe. Et si la chose semble nouvelle, le concept remonte pourtant à plus d’un siècle. On le doit au Limougeaud Charles Jeantaud qui, aux côtés des ingénieurs Nicolas Raffard, Gustave Trouvé et Camille Alphonse Faure, a conçu en 1881 la Tilbury : la première voiture électrique, alimentée par des accumulateurs gigantesques cachés sous les sièges.

Détrôner le Duc. Quatre ans après l’invention du moteur à explosion (par l’Allemand Nikolaus-August Otto), Charles Jeantaud répond donc avec un modèle électrique. Si les premiers prototypes ne tiennent pas 100 mètres sans finir en fumée, il parvient en 1895 à faire disputer à l’un de ses véhicules électriques la course Paris-Bordeaux-Paris. C’est d’ailleurs lui qui est au volant, mais après 600 kilomètres de course il est contraint d’abandonner suite à un problème d’essieu. Cela dit, le moment de bravoure de Charles Jeantaud se produit en 1898 lorsque le plus célèbre de ses véhicules électriques — le « Duc » (36 chevaux) — établit le premier record de vitesse terrestre avec 63,15 km/h.

Un siècle plus tard. Inventeur fabuleux, chevalier de la Légion d’honneur, Charles Jeantaud se suicide en 1906 probablement pour des raisons financières ; et en utilisant, comble de l’histoire, du monoxyde de carbone. Malgré un enthousiasme réel, la voiture électrique ne va pas lui survivre très longtemps.
Aux alentours de 1900, environ 30% des véhicules en circulation aux États-Unis étaient électriques (la dominante à l’époque étant encore le modèle à vapeur) et à New York, on commence à les utiliser pour les taxis. Le point de rupture n’arrive qu’en 1908, avec la naissance de la Ford T, voiture à essence beaucoup moins chère. C’est finalement le krach de 1929 qui enterrera la voiture électrique. Jusqu’à aujourd’hui.