
Ni les robots-taxi ni les voitures volantes ne font peur à Waze. À l’aube d’une nouvelle décennie, nous avons rencontré Thomas Guignard, son directeur général en Europe, pour dévoiler comment le plus grand GPS du monde prépare l’avenir.
On attaque une nouvelle année… Quelles fonctionnalités préparez-vous pour 2020 ?
On communique très peu sur nos features… Mais ce que je peux vous dire c’est qu’on travaille à mieux accompagner les utilisateurs du début à la fin du trajet. Comme donner un maximum d’informations avant même de monter en voiture, par exemple en indiquant à quelle heure partir pour bénéficier d’un trafic fluide. Pendant le trajet, Waze doit être encore plus pédagogue sur la raison pour laquelle on procède à un détour et le temps qu’on peut gagner. C’est notre ligne actuelle.
Quand il y aura des routes dans le ciel, on s’y intéressera aussi.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle décennie. Vous la voyez comment la mobilité des années 2020 ?
À moyen terme, la mobilité va encore beaucoup bouger, différemment selon les zones urbaines. Plein de solutions vont émerger, notamment techniques – Hyperloop, voitures volantes etc – mais cela prendra 10, 15… 20 ans. À court terme, il faut révolutionner notre usage de la voiture individuelle. Le futur, c’est d’abord la question de posséder son moyen de transport ou non. La multiplicité d’offres qui émergent (l’autopartage, la multimodalité…) nous laisse penser que ce sera dispensable.
Si demain les voitures volent et roulent toute seule, c’est la fin de Waze et ses cartes dynamiques, non ?
Bon, d’abord, ce sera plutôt pour après-demain, ah ah ! Mais les voitures autonomes et volantes ne signent pas la fin de l’appli, au contraire. Si une voiture se déplace seule, autant qu’elle serve à plusieurs personnes, afin de libérer de la place. On s’habituera donc à partager les véhicules, mais les gens voudront le droit de décider comment on va d’un point A à un point B. En taxi, vous exprimez déjà un avis sur le chemin. On veut tous un trajet personnalisé, pas seulement « le plus court ». Il faut donc une intelligence artificielle qui anticipe votre chemin préféré, et tienne compte des moyens de transport que vous cumulez. Y compris un robot taxi au milieu, pourquoi pas… Et puis quand il y aura des routes dans le ciel, on s’y intéressera aussi.
Comment comptez-vous participer à construire la mobilité du futur ?
On a une urgence écologique mais empêcher la voiture individuelle, ça n’a pas de sens, cela va tout compliquer : aller au travail, faire ses courses, voir ses amis… Notre conception est que la voiture aujourd’hui est un mode de transport qu’il faut mieux rentabiliser : cela coûte extrêmement cher pour un usage encore trop faible.
Quel autre moyen de transport, quand il y a 5 places, n’est utilisé que par 1 ou 2 personnes ? Un avion rempli à 25%, ça n’existe pas !
Quel autre transport n’est utilisé que 2 heures par jour, donc inutilisé le reste du temps ? On va être acteur de ce changement en mettant plus de personnes dans chaque voiture. Cela s’appelle le carpooling – nous mettons en commun les gens qui partent et vont à peu près au même endroit tous les jours dans un même véhicule. Si demain on est 3 par voiture, on aura apporté une réponse immédiate à une question cruciale.
Un des grands changements de l’automobile est la transition énergétique. Comment Waze se prépare aux voitures électriques ou à l’hydrogène ?
D’un point de vue pratique cela ne change pas grand-chose pour nous. On travaille simplement à indiquer le mieux possible où se trouvent les sites de recharges aux utilisateurs de voitures électriques.
Pourtant, changer de carburant, c’est changer d’autonomie, ce qui influe sur la façon dont on aborde un trajet, non ?
Imaginer un trajet spécifique pour les véhicules électriques, qui passerait par plus de bornes [de recharge] ou limiterait la distance à faire… On n’en est pas encore là. Ce n’est pas dans l’agenda 2019. Mais c’est vous qui avez raison, c’est une bonne idée ; on n’a juste pas commencé à travailler là-dessus. Je vais peut être devoir proposer votre idée à nos ingénieurs !