
Véritable loup de mer, Eric Sommer a élu domicile à quelques encablures de Juan-les-Pins pour minimiser ses frais. Ce n’est pas du goût de tout le monde mais, eh, c’est légal.
Ohé ohé, capitaine abandonné ? Depuis la plage de Juan-les-Pins, on peut apercevoir les deux mats de ce curieux voilier. Coque noir-orange, voiles masquées et pont déserté… on pourrait croire ce vaisseau abandonné. Mais le rafiot est habité. Apparu à l’été 2020, il est simplement immobile. Ce qui n’a pas manqué d’affoler les réseaux sociaux, certains exigeant que la police maritime enquête ou déloge cet importun. Mais la vérité est plus simple.
Cet ancien chalutier de 36 mètres est le « Protinus ». Et son capitaine, le navigateur Eric Sommer. Originaire de Cagnes-sur-Mer, il a acquis ce bateau en Hollande il y a un quart de siècle pour une bouchée de pain et l’a entièrement rénové à la main. À sa manœuvre, il a fait le tour du monde et comme il le déclare à France 3 : « Ce bateau, c’est toute ma vie ! ».
Argent, trop cher. Après une triste mésaventure dans les Caraïbes – 4 ans de prison pour homicide involontaire sur l’île de Sainte-Lucie, ce qui n’aide pas sa réputation – il a expliqué être revenu dans les Alpes-Maritimes pour se rapprocher de ses parents malades. Courses, rendez-vous, soins… pour toutes ses obligations, il fait les allers-retours au port dans son annexe. Mais alors, pourquoi rester si loin ? « Je n’ai pas les moyens d’avoir une place au port » concède Eric Sommer qui dit chercher du travail dans les chantiers maritimes de la région. Il faut dire qu’hors saison, le tarif pour cette longueur avoisine les 150 € par jour.
Mais au fait, c’est légal ? Comme la navigation, le mouillage (le « stationnement » des bateaux à un anneau) et l’arrêt en mer sont réglementés. Dès que l’arrêt s’étend sur une longue durée, il faut être en possession d’une Autorisation d’Occupation Temporaire du domaine public maritime, à réclamer à la Direction départementale des territoires et de la mer. Oui mais, Eric Sommer s’est installé au-delà de la zone de nage de la commune et ne dérange personne (sinon ceux qui admirent la ligne d’horizon). La police maritime a fait savoir qu’en l’état, il n’y avait pas de raison de lui demander de partir.
Crédit photos : Les amis du Protinus