
La nouvelle version de ce monstre sacré carburera au GNL et à l’électricité. Bien sûr, toujours 100% "made in France".
Pluuuus jamaaaais France. Si pour toute une génération, le France évoque une chanson grincheuse de Michel Sardou, pour les parents ce fut l’un des plus majestueux paquebots à avoir croisé les mers. Bâti à Saint-Nazaire, il a imposé sa longueur vertigineuse de 315 m sur les mers pendant douze ans avant d’être revendu et démembré par un ferrailleur. La honte étouffant les Français, on ne parla plus jamais du France.
Jusqu’en 2009 où le descendant d’un des investisseurs du premier paquebot transatlantique, Didier Spade, décide de faire revivre ce rêve tricolore. Dix ans plus tard, le projet Nouveau France est bien parti pour prendre la mer.
Le France d’après. Avec l’entreprise Seine Alliance, il a conçu les plans de l’héritier du roi d’antan et posé les bases de ce que la nouvelle génération de paquebot doit être : « Le Nouveau France sera un paquebot très avant-gardiste, ne serait-ce que par son design qui le différencie immédiatement parmi tous les autres », affirme Didier Spade à La Provence. Les formes modernes sont surtout pensées pour gagner en fluidité et en tirant d’eau, ce qui va limiter sa consommation énergétique.
Moins rapide, avec moins de passagers et plus de carburants propres, c’est peut-être le cocktail des croisiéristes de demain.
Tout a été pensé pour ne pas consommer une goutte de fioul lourd. La propulsion du Nouveau France emploiera donc un gaz naturel liquéfié (GNL) connu pour réduire les émissions de particules fines, les oxydes d’azote et le monoxyde de carbone. Pour la navigation dans les zones sensibles – les ports, côtes et éventuelles navigations fluviales – une propulsion électrique est aussi prévue. Évidemment, l’électricité à bord profitera largement de panneaux photovoltaïques.
La croisière se ré-amuse. D’autres décisions stratégiques ont été prises : le vaisseau mesurera 190 m “seulement” et sa vitesse moyenne sera abaissée sous les 14 nœuds pour limiter sa consommation. Idem pour la capacité : si son ancêtre dépassait les 2000 passagers, le Nouveau France se limitera à en accueillir 450. Une prise de distance face aux standards actuels devenus effrayants dans un monde post-COVID-19. Depuis l’affaire du Diamond Princess – où 712 des 3711 passagers ont contracté la maladie – ce secteur entier prend l’eau. Les réservations s’annulent et disparaissent et les cours boursiers chutent de 80% (contre 60% seulement pour les compagnies d’aviation). Le remède pourrait être la décroissance durable selon Seine Alliance.
Il y a 60 ans on mettait à l’eau Le France en Normandie. Son héritier pourrait le suivre dès 2024. Il sera évidemment conçu aux chantiers de Saint-Nazaire et chaque Français pourra en être actionnaire pour que ce vaisseau « appartienne aux Français et à ceux qui aiment la France ». Prends-ça, Michel Sardou !