
Depuis quelques semaines, les prix à la pompe s’enflamment et la situation est si tendue que le gouvernement a dû mettre la main à la poche pour éviter une éventuelle grogne. Pour analyser la situation, nous avons posé quelques questions à Olivier Gantois, président de l’Union française des Industries Pétrolières.
Bonjour Olivier, pourriez-vous nous faire un état des lieux de la situation actuelle concernant les tarifs des carburants ?
Toutes les semaines, le ministère de l’Écologie publie les prix moyens des carburants en France, chaque distributeur lui envoyant ses prix à la pompe pondérés par les volumes vendus. Vendredi dernier, on trouvait le Super à 1,65 euros et le Gazole à 1,55 euros le litre TTC. On consomme en France 3/4 de gazole pour 1/4 de sans plomb. Les prix de la semaine précédente étaient records pour le gazole et historiquement élevés pour le sans plomb.
“Les cours devraient se maintenir logiquement au prix actuel”.
Quelles sont les raisons qui expliquent un tel pic ?
Depuis le début de l’année, le gazole a pris 27 centimes par litre. Cette augmentation est due en grande partie à un rattrapage de 2020 avec l’effondrement de la demande lié à la pandémie. Le prix du gazole, pré-crise, se situait à 1,48 euros le litre et il est maintenant à 1,55 euros. Nous avons sept centimes de plus. Cette hausse s’explique par une hausse des prix du pétrole sur le marché international, causée par l’augmentation de la demande en produits pétroliers.
Maintenant, la question que tout le monde se pose : le litre de carburant pourrait-il se stabiliser à deux euros ?
Malheureusement, je ne suis pas capable de prédire l’avenir ni l’évolution des prix. En revanche, il y a des considérations à prendre en compte. La reprise économique étant la raison essentielle de l’augmentation des prix, et comme il n’y a pas de menace de re-confinement ou de dégradation de l’activité économique, les cours devraient se maintenir logiquement au prix actuel. Depuis quelques mois, les pays producteurs de pétrole (OPEP+ Russie) ont décidé d’augmenter graduellement leur production pour éviter de submerger le marché avec trop de barils de pétrole brut. Si cela continue comme cela, on pourrait continuer sur le plateau actuel avec des prix à la pompe qui ne bougeraient pas significativement.
On peut aussi noter qu’actuellement certains distributeurs se sont engagés sur une essence à prix coûtant. Cette concurrence entre les stations-services garantit le prix le plus bas possible pour le consommateur.
Les taxes plombent-elles le prix ?
À la pompe, il y a 56 % de taxes sur le gazole. Elles ne plombent pas le prix, mais jouent plutôt un rôle d’amortisseur. Avec un prix du gasoil à 1,55 euros le litre, les taxes représentent 87 centimes. C’est la somme TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers) qui est fixe, plus la TVA à 20 % qui, elle, est variable.
Le chèque carburant vous paraît-il une bonne idée pour soulager le portefeuille des Français ou devrions-nous baisser les taxes ?
L’idée d’un chèque inflation décorrélé du prix du carburant me semble intéressant du point de vue de la transition énergétique. Il ne serait pas vertueux que l’on efface les effets de prix sur l’énergie car l’idée générale est d’en utiliser moins, et non d’inciter à la consommation.