
C'est en tout cas l'avis de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui y pense très fort. "Et pas qu'en se rasant", comme disait l'autre.
“Faire fumer sa voiture tue.” Ce message de santé public n’est pas encore obligatoire sur les voitures neuves jugées polluantes, mais l’idée fait son chemin. On la doit aux 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat, souhaitant imposer, à la manière des messages alarmistes sur les paquets de cigarettes, que la publicité pour les SUV fasse l’objet d’une réglementation. Ce modèle de voiture, très prisé depuis le début des années 2010, n’est pas une cible choisie au hasard : selon l’Agence internationale de l’énergie, les SUV seraient la deuxième cause de l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 10 ans, en raison de leurs moteurs très gourmands en énergies fossiles. Sur cette même période, leur nombre serait passé de 35 à 200 millions sur la planète (soit 60% de l’augmentation totale du trafic). Pour les plus écologistes d’entre nous, ça suffit.
Parmi les défenseurs de cette interdiction de pub pour les SUV, on retrouve également des députés écologistes, parmi lesquels Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire, qui voilà quelques mois menait une fronde à l’Assemblée avec un dépôt de loi visant à apposer des messages à caractère informatif afin de prévenir le public des effets néfastes des SUV sur l’environnement. Entre interdiction et prévention, il y a encore encore un cap à passer et visiblement, si l’on s’en tient aux propos de Barbara Pompili, le 25 septembre dernier sur BFMTV, qui n’est toujours pas acté par le gouvernement.
Faut-il faire de la publicité pour des produits très émetteurs de gaz à effet de serre ? C’est une des questions posées par la @Conv_Citoyenne et qui fait l’objet de concertations avec les professionnels du secteur. pic.twitter.com/pHuRBY0XhO
— Barbara Pompili (@barbarapompili) September 25, 2020
Depuis 30 ans, la célèbre Loi Évin interdit la promotion publicitaire des cigarettes ou de l’alcool à la télé. Faut-il en faire de même avec les voitures dites toxiques ? La ministre de la Transition écologique semble estimer, “à titre personnel“, que la réponse est oui. “Aujourd’hui la pub incite à consommer un certain nombre de produits et on sait qu’il y a des produits dangereux pour l’environnement. La convention citoyenne a proposé un certain nombre de mesures pour encadrer ça. Et j’y suis favorable mais pas sur n’importe quelle base.” Une réponse certes un peu bancale, mais qui devrait faire l’objet de décisions dans les semaines et mois à venir.
Ne pas croire pour autant que ce débat est franco-français. De l’autre côté de la Manche, les scientifiques de la revue médicale BMJ proposent d’apposer des messages chocs sur les stations-service. Plus récemment, c’est le think tank anglais New Weather Institute qui avançait l’idée d’interdire la pub pour les SUV. Reste maintenant à trancher quels véhicules seront placés dans le collimateur et à partir de quels critères : la Convention citoyenne pour le climat proposait quant à elle de placer sur la liste tout véhicule consommant plus de 4 litres aux 100 kilomètres. Soit 60 à 70% du parc de véhicules commercialisés en 2019…
Plutôt que de déclencher une nouvelle fronde (gilets jaunes, épisode 2 ?), peut-être serait-il intéressant d’aider les constructeurs à démocratiser les SUV dits “écologiques”, notamment ceux roulant au GNV. Des modèles existent et tous limitent drastiquement leur impact sur le climat.