
C’était il y a pile 45 ans : les Franciliens faisaient la connaissance d’un petit carton orange plastifié qui allait grandement simplifier leurs déplacements. Voici l’histoire de l’ancêtre du pass Navigo.
C’est difficile à croire, mais le célèbre pass mobilité des Parisiens est né à une époque où Valéry Giscard d’Estaing était encore président de la République. Un temps si vieux que tout semblait encore en noir et blanc, et où les métros ressemblaient plus à des boites de conserve qu’aux engins automatisés qu’on connaît aujourd’hui.
Baptisé la « carte Orange » en raison du ticket magnétique de la même couleur, cette carte va immédiatement faciliter la vie de millions de Parisiens. Car avant la mise en service de ce pass hebdomadaire ou mensuel, se déplacer dans Paris était un vrai casse-tête. Chaque personne souhaitant traverser la capitale devait alors acheter jusqu’à 5 tickets (!!) différents selon qu’il passe d’un bus à un métro à un train de banlieue. Le terme « multimodalité » n’était pas encore né, et les Français des années 1970 étaient encore de frénétiques consommateurs de déplacements individuels (en voiture). Les transports en commun étaient jugés complexes à utiliser, pas simples à payer. C’est vrai.
La carte Orange serait responsable de 20% de trajets supplémentaires dans les transports en commun.
C’est alors que, grâce au Syndicat des transports parisiens et au préfet de Paris Maurice Doublet, est inauguré ce ticket magique permettant un accès illimité à tous les transports d’Île-de-France. Et c’est à peu près la même révolution que celle des forfaits téléphoniques sans crédits d’appel. En cette année 1975, les voyageurs découvrent qu’il est possible d’emprunter sans limitation le bus, le métro, le RER et les trains de banlieue sans avoir à se ruiner. Cela va évidemment tout changer.
Quelques mois plus tard, c’est déjà un succès. Rien qu’au mois de novembre 1975, ce sont pas moins de 820 000 personnes qui ont dit oui à la carte Orange, faisant ainsi exploser les prévisions initiales. Un an plus tard, la fréquentation des bus parisiens a bondi de 40% et les experts estiment qu’entre 1975 et le début des années 1980, la carte Orange a été responsable de 20% de trajets supplémentaires dans les transports en commun.
Si la carte Orange fête ses 45 ans en 2020, cela fait bien longtemps qu’elle a changé de nom. En 2005, elle devient sans contact (plus besoin de passer le ticket dans la machine !) et cinq ans plus tard, elle perd son nom de jeune fille pour devenir le Navigo, sans toutefois travestir la promesse initiale : offrir un accès unique à tous les transports en région parisienne. Depuis 10 ans, les Parisiens, en bons râleurs, fustigent la flambée de son coût (mais qui n’a finalement pas tant augmenté que ça). Malgré cela, on aurait désormais bien du mal à s’en passer. On compte actuellement plus de 3,5 millions d’utilisateurs du pass Navigo.