
Si la multimodalité (le fait d'utiliser quotidiennement différents moyens de locomotion) gagne du terrain, Françaises et Français restent néamoins très attachés à leur liberté de mouvement, et ce quelque soit le nombre de kilomètres à parcourir. C'est ce qui ressort d'une récente étude.
1 heure de voiture par jour. Comment les Français envisagent-ils le monde d’après, et surtout, comment comptent-ils s’y déplacer ? Cette question, le chercheur Aurélien Bigo (auteur d’une thèse sur la décarbonation des transports d’ici à 2050) se l’est posée dans une étude intitulée Les transports face au défi de la transition énergétique. Et qu’y apprend-on ? Qu’en moyenne, les automobilistes français font 3 trajets par jour, et ce pour une durée totale estimée à 60 minutes.
Plus intéressant encore : peu importe la distance, ils et elles préfèrent encore se déplacer au volant plutôt qu’à pied ou en vélo, et ce même pour parcourir moins de 2 kilomètres (la voiture est utilisée dans la moitié des cas, dans ce cas précis).
Loin d’être moralisatrice, l’étude permet non seulement de mieux comprendre le chemin (sic) encore à parcourir pour décarboner les transports, mais aussi l’attachement des Français à leurs voitures pour aller au travail, puisque 74% des sondés (source : Insee 2017) avouent se déplacer avec (contre 16% en transports en commun et seulement 2% en vélo). Et si l’on vit loin de la capitale, c’est visiblement mot compte double puisque la voiture devient alors absolument nécessaire pour 90% des personnes (contre seulement 45% à Paris). Une réalité déjà connue des décideurs politiques, mais qui semble encore partie pour durer; la faute à un manque d’offre concurrentielle des transports en commun régionaux.
Évolution des distances parcourues selon le mode de transport en France.
Source: @AurelienBigo @lemondefr pic.twitter.com/8kxPiX0A7J
— Échanges Climatiques (@Echangesclimat) January 28, 2023
Paradoxe à 4 roues. Ce constat d’une France accro à la voiture est renforcé par le fait que le pays a connu en 2022 sa pire année en matière d’immatriculations, avec des chiffres pas vus depuis 1975. La faute à la crise, à la hausse du prix du carburant et à la guerre en Ukraine, notamment. Et autant de raisons qui ont poussé les Français à conserver encore davantage leurs véhicules plutôt que d’en racheter un neuf (la moyenne est désormais estimée à 11 ans, soit 2 fois plus longtemps qu’en 1990, à titre comparatif). Plus vieilles, et donc plus polluantes, les voitures françaises restent donc au centre d’une réflexion très actuelle sur la mobilité dans l’Hexagone, alors que le pouvoir d’achat reste le GPS absolu pour des millions d’automobilistes.

Faire la guerre aux mauvais déplacements, pas à la voiture. Conclusion de l’ensemble de ces analyses : il n’est pas judicieux de culpabiliser les propriétaires d’une voiture, mais plutôt de les responsabiliser afin de les inciter à ne l’utiliser que lorsque cela est nécessaire. Selon l’Observatoire des territoires, presque la moitié des déplacements réalisés en voiture pourrait être réalisé à vélo, par exemple. Et Le Monde de rajouter que les voitures individuelles sont responsables de 54% des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport. Autant de chiffres que les responsables politiques devraient garder en tête afin de proposer des mesures incitatives (mobilité douce, prime pour l’électrique renforcée, boost des bornes de recharge, etc) pour le grand public.