
À plus d’un titre, l’hydrogène est une énergie d’avenir qui devrait trouver sa place sur le marché de la mobilité lourde. Pour la voiture individuelle, en revanche, son déploiement connaît encore des débuts timides. On fait le point.
Un pari d’avenir. En France, comme dans le reste de l’Europe, l’hydrogène a le vent en poupe. Porté par l’objectif européen de réduction de 55% des émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030, cette énergie propre engrange les plans d’investissement. Il faut dire que dans sa version verte, c’est-à-dire produit par électrolyse grâce aux énergies renouvelables, ce “carburant écolo” qui ne rejette que de l’eau ne manque pas d’arguments.
Énergie stockable et rapidement rechargeable (moins de 10 minutes), l’hydrogène offre une très bonne autonomie, proche des standards actuels. Le coût d’un “plein” est également équivalent à l’essence mais devrait baisser parallèlement au développement du secteur. Prometteur donc. La France a ainsi mis sur la table 7 milliards d’euros pour le développement de l’hydrogène décarboné, dont une partie est dédiée au développement des mobilités lourdes.
15 milliards d’euros seront dédiés au soutien à l’innovation et aux relocalisations de technologies stratégiques. Le futur de l’hydrogène, du recyclage, de la quantique, le futur de l’économie verte, circulaire et décarbonée, doivent, avec ce plan, s’écrire en France.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 28, 2020
Rien en dessous de 70 000 €. Poids lourds, véhicules utilitaires, trains et même bateaux sont en effet les cibles privilégiées de ce marché naissant qui offre une alternative économique crédible au pétrole en termes d’autonomie et de temps de recharge. Les constructeurs proposant cette gamme de véhicules se mettent en ordre de marche pour améliorer et étoffer leur offre. Mais pour les voitures individuelles, c’est une autre histoire. Engagées dans leur révolution électrique, la plupart des marques se montrent frileuses envers l’hydrogène. Deux modèles seulement sont disponibles à la vente en France. Il s’agit de la Toyota Mirai nouvelle génération et de la Hyundai Nexo, dont les prix avoisinent respectivement les 70 000 et 80 000 euros. Pas franchement la voiture de monsieur tout-le-monde !
Bienvenue à l’Hopium Māchina Alpha 0, le premier prototype roulant de berline haut de gamme à hydrogène.
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Welcome to Hopium Māchina Alpha 0, the first high-end hydrogen sedan rolling prototype.#HopiumAlpha0 pic.twitter.com/4KEhpiYB5x
— Hopium (@hopiumofficial) June 17, 2021
Confronté à un coût d’achat élevé et un manque criant d’infrastructures – moins de quarante stations de recharge tout public dans l’Hexagone actuellement – le marché de la voiture individuelle à l’hydrogène peine à se développer. Mais certains convertis y croient dur comme fer. Pour preuve, des bolides propulsés à l’hydrogène concourront en 2024 aux 24 heures du Mans. Quelle plus belle vitrine que la mythique course d’endurance pour exhiber les performances de cette technologie ?
C’est d’ailleurs à un ancien pilote, Olivier Lombard, vainqueur du Mans à 20 ans seulement, que l’on doit l’un des projets les plus excitants dans le domaine : l’Hopium Machina, une berline haut de gamme aux performances remarquables dont la commercialisation est prévue pour 2025. Mais qu’on ne s’y trompe pas : si les politiques publiques restent timide sur un déploiement à grande échelle, il se pourrait bien que l’électrique ne gagne son combat contre l’hydrogène qu’à l’horizon 2030. Certains estimant, à tort ou a raison, que le match est déjà plié.