
Alors que la course aux éoliennes et autres panneaux solaires semble bien lancée, l'entreprise danoise Seaborg Technologies semble miser sur une énergie qu'on pensait condamnée au refroidissement : le nucléaire. Et ce n'est pas tout : ces réacteurs de la taille d'un container vogueraient sur l'eau. Et c'est à priori "sans danger".
Nouvelles atomiques. Quand il est question de trouver l’énergie du futur, c’est-à-dire de trouver un moyen d’alimenter 8 milliards de personnes sans polluer la planète, étonnamment, on pense rarement au nucléaire. On dit étonnamment ; c’est bien sûr ironique. Les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, sans parler des tests de bombes atomiques depuis la Seconde guerre mondiale, sont passées par là. Elles ont convaincu une partie de la population que faire s’entrechoquer des atomes n’était pas à proprement parler une solution “écologique”. De quoi alimenter, pour le coup, les débats sur la nécessité de fermer les 19 centrales nucléaires françaises en activité – ce à quoi Emmanuel Macron semble, pour l’heure, opposé.
De La Hague à Copenhague. À quelques centaines de kilomètres de Paris, on ne l’entend pourtant pas de cette oreille. La startup danoise Seaborg Technologies, basée à Copenhague, travaille actuellement sur un projet fou et pourtant très sérieux : construire des barges nucléaires (CMSR) permettant de faire naviguer partout sur la planète des centrales portables afin d’alimenter 95% de la population d’ici à 2030. Le principe, outre l’angoisse d’imaginer de l’énergie nucléaire vivotant sur des radeaux métalliques, consisterait à considérer l’énergie nucléaire comme une énergie mobile et transportable où l’on veut, sans besoin de les installer sur la terre ferme. Les bateaux de Seaborg Technologies disposeraient alors de 3 tailles de réacteurs, capables d’accoster n’importe où et d’agir comme une recharge pour smartphone. Sauf qu’ici, ladite recharge permettrait, d’un coup d’un seul, d’éclairer 200 000 foyers.
Fukushima, mon amour. Le projet, un peu utopique, a malgré tout récolté suffisamment d’argent pour mettre son projet à l’eau – on parle d’une somme à 8 chiffres. Dans le détail, les mini-réacteurs feraient la taille d’un container et fonctionneraient grâce au sel fondu, c’est-à-dire liquide, de façon à agir comme un réfrigérant pour le combustible nucléaire. La grande question que tout le monde se pose alors est : “que se passe-t-il en cas d’accident ou d’attaque terroriste?” Réponse des scientifiques de la startup : “rien”. Rien, parce que l’utilisation de l’hydroxyde de sodium (le fameux sel) permet de solidifier instantanément le carburant s’il est en contact avec l’atmosphère (à l’inverse des centrales traditionnelles où la matière nucléaire s’échappe sous forme de vapeur, puisqu’elle est refroidie par de l’eau). Bonus “écologique” de cette méthode : si un bateau plonge comme dans une bonne vieille partie de Touché Coulé, la matière ne se diluerait que très faiblement dans l’eau. Un peu comme l’huile, en somme.
Lancement en 2027. “Nous faisons du nucléaire une technologie peu coûteuse, durable et sûre qui peut supplanter les combustibles fossiles et révolutionner les marchés de l’énergie, explique Seaborg Technologies sur son site officiel. Pour que ce nouveau modèle soit durable, les sources d’énergie variables comme l’éolien et le solaire doivent être complétées par des sources stables comme l’énergie nucléaire. Les petits réacteurs modulaires, comme le CMSR, peuvent produire de l’énergie où et quand cela est nécessaire, en prenant le relai des énergies renouvelables pendant les jours sans vent et/ou nuageux“.
Reste maintenant à savoir si les ingénieurs danois obtiendront l’approbation internationale pour faire voguer leurs embarcations atomiques comme des petits bateaux sur un lac. L’entreprise vise la création d’un prototype pour 2025, puis une commercialisation XXL dès 2027 avec la construction de milliers de navires. Tout cela, soyons honnêtes, est aussi excitant que flippant, à l’instar de ce méga yacht nucléaire que des scientifiques veulent aussi mettre à l’eau. Qui veut un gilet de sauvetage ?