
"Souriez, vous êtes filmé." À l'heure du Covid-19 et de la lutte contre le terrorisme, de nouvelles voix s'élèvent, au sein du gouvernement comme chez les politiques, pour l'installation de la reconnaissance faciale dans l'espace public, les métros notamment. Une fausse bonne idée qui préfigure une société sous surveillance, comme cela est déjà le cas en Chine.
Une caméra qui vous veut du bien. Un gouvernement omniscient capable d’identifier chaque personne prenant le bus, le métro, traversant sur un passage clouté, puis d’obtenir en quelques secondes toutes les informations sur ses déplacements. Non, cette guerre contre l’anonymat n’est pas extraite de l’un des pires épisodes de Black Mirror, c’est déjà une réalité en Chine. Le pays est leader de la reconnaissance faciale où la surveillance de masse est déjà entrée dans les mœurs et où l’achat d’un smartphone passe désormais par un scan de son visage. Cette technique qui permet de “marquer” chaque citoyen et de le suivre à la trace est déjà, selon la fondation Carnegie, utilisée par 75 pays dans le monde au prétexte qu’elle renforce la sécurité et peut prévenir des drames, comme le terrorisme.
La France y pense aussi, et pas qu’en se rasant. Après Dubaï, qui a officiellement autorisé la reconnaissance faciale dans ses transports, c’est désormais la France qui semble accréditer cette possibilité d’être “filmé pour son bien”. L’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry a par exemple confirmé un test d’un an pour “faciliter le parcours passager”. Sur Europe 1, c’est le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari qui a confirmé récemment être “assez favorable” à cette proposition faite par Valérie Pécresse (présidente de la Région Île-de-France), d’un monde où les caméras permettraient de reconnaître les terroristes dans la foule.
Face à la montée inquiétante de l’insécurité & du risque terroriste j’interpelle l’Etat: contrôle des identités, expulsion des « mineurs » étrangers délinquants, reconnaissance faciale des terroristes, police municipale armée à Paris, il doit agir enfin! https://t.co/FCl7YfypPz
— Valérie Pécresse (@vpecresse) October 25, 2020
La CNIL bloque, mais jusqu’à quand ? Déjà testée avec six caméras à la station Châtelet-les-Halles par la RATP pendant le confinement, afin de vérifier que ses usagers respectaient le port du masque (résultat du test : 95% le portaient), la reconnaissance faciale avait finalement été débranchée par la CNIL au prétexte qu’il était impossible pour les citoyens de s’opposer à cette expérimentation (ces derniers devaient dire non avec la tête pour refuser d’être filmés). Mais avec un état d’urgence sanitaire désormais quasi permanent, qu’en sera-t-il d’ici quelques mois ? Et la tentation de contrôler la température corporelle des utilisateurs de métros et bus ne sera-t-elle pas trop grande pour éviter que la technologie ne s’immisce dans tous nos déplacements ? Une affaire à suivre qui pourrait bientôt faire débat en France, là où la préservation des libertés individuelles est un droit fondamental, en théorie.