
Avec 30 000 chauffeurs dont 2 sur 3 à Paris, la France manque de VTC. Une pénurie qui nuit autant aux délais d’attentes qu’aux tarifs des courses. En cause, la difficulté à obtenir ce statut pour les chauffeurs.
La croissance a calé. Il y a trois ans à peine, une étude de BCG estimait le chiffre d’affaires des VTC à 800 millions d’euros annuels et 22 000 emplois créés. Enthousiaste, elle en attendait 100 000 à l’horizon 2022. Rien qu’en Seine-Saint-Denis, les VTC employaient 3% de la population active. Un rêve pour des zones urbaines paupérisées dont une part de la population n’arrive pas à accéder à l’emploi.
Pourtant, la réalité d’aujourd’hui est moins rose : selon la Fédération française du transport de personnes sur réservation (FFTPR), qui réunit 6 enseignes de voitures de transport avec chauffeur concurrentes d’Uber, les plateformes se sont bien multipliées mais seuls 30 000 chauffeurs indépendants exerceraient comme VTC en France. Surtout, deux conducteurs sur trois rouleraient en Île-de-France.
Devenir VTC ne fait plus rêver. Interrogé par La Croix, son président Yves Weisselberger a fait les comptes : « Entre la croissance de la demande et le remplacement des VTC qui s’arrêtent, il faudrait que 10 000 nouveaux chauffeurs arrivent sur le marché par an. »
En 2018, 4000 personnes ont obtenu le statut de chauffeur privé, ce qui est insuffisant à combler la demande grandissante de ce secteur.
Mais qu’est-ce qui bloque ? La difficulté à obtenir le statut depuis l’encadrement légal de 2017. La loi Grandguillaume avait déjà interdit aux entreprises de transport collectif “Loti” de travailler comme VTC, empêchant de rouler à 15 000 chauffeurs. Puis elle a durci les conditions d’accès au statut.
Passe ton diplôme d’abord. Sésame indispensable à l’exercice de cette profession, un double examen (théorique et technique) demande au candidat près de 9 mois, de la formation au passage au volant, et près de 3000 euros. Des aides à l’emploi sont possibles mais pas systématiques. Enfin, le jury comporte des membres de sociétés de taxi, directement concurrents donc pas idéalement objectifs.
Les discussions en cours à l’Assemblée sur la loi « LOM » devraient régulariser ces différents problèmes. Suite aux multiples recours en justice des chauffeurs, la loi devrait aussi accorder les violons des exigences des plateformes avec le code du travail, en offrant notamment une protection sociale et des conditions de travail encadrées. À moins justement que ce soit ce dernier point qui retarde la régularisation d’une profession de plus en plus précaire et de moins en moins indépendante…