
Le président l’a martelé le lundi 16 mars : la France est en guerre. Et si pendant le confinement la livraison de repas s'enrichit... pas les livreurs, envoyés au front sans réelles protections.
Plus les Français craignent de sortir de chez eux, plus ils font appel aux plateformes de livraison, Uber Eats et Deliveroo en tête, pour les nourrir. Si les restaurants n’ont plus le droit de lever le rideau depuis samedi, ceux qui n’accueillent pas de public et cuisinent uniquement pour la livraison travaillent double. Une bonne nouvelle pour l’économie et pour les télétravailleurs ? Pas certain. Si vous évitez les contacts en n’allant pas au kebab d’en bas, le coursier, lui, enchaîne les rencontres avant de venir vous voir.
Distance sociale en hors d’œuvre. Les plateformes promettent de tout mettre en ordre pour éviter la contagion. Le secrétaire d’État au Numérique a présenté des « bonnes pratiques sanitaires » à respecter pour les livraisons de repas que les chaînes de restauration comme de livraison s’engagent à tenir.
Livraison des repas à domicile : la protection des salariés et des clients doit être maximale. Voici les consignes du @gouvernementFR pour protéger ceux qui préparent les repas, les livreurs et les clients.
cc @BrunoLeMaire @AgnesRunacher @Djebbari_JB https://t.co/DFha31E5d5
— Cédric O (@cedric_o) March 15, 2020
D’abord, les cuisiniers sont appelés à surveiller leur santé et hygiène. Ensuite, un périmètre est mis en place pour chaque course, au sein duquel livreur et restaurateur n’ont pas de contact. À l’arrivée aussi, les plateformes imposent maintenant des livraisons sans contact, en laissant le repas sur le pas de votre porte plutôt qu’en vous le tendant. Cerise sur le gâteau, Deliveroo et Uber Eats s’engagent à indemniser leurs cyclistes qui se mettront en arrêt parce qu’ils ont contracté le Covid-19… L’affirmation qu’aucun livreur n’est malade à ce jour ?
Zéro livreur malade. Interrogé par Le Figaro, le secrétaire général du Collectif des livreurs autonomes de Paris rappelle que, de par leur activité de cycliste, les coursiers transpirent beaucoup et manipulent des sacs isothermes qui ne sont pas désinfectés entre chaque course. Un cuistot malade pourrait facilement « salir » un sac, le livreur y poser ses mains et se contaminer en voulant essuyer sa sueur par exemple. Un scénario catastrophe mais qui annule nombre de précautions prises et garanties par la livraison « sans contact ».
La seule solution pour endiguer la propagation du virus étant de limiter autant que possible les rencontres et rapports sociaux, il convient d’en faire de même avec la livraison de repas. Laissons les livreurs se mettre à couvert. Rangés des vélos, ils pourront gagner cette bataille, en attendant de remporter cette guerre.