
En France, plus d'un million de personnes bénéficient directement ou indirectement des avantages accordés en nature au personnel de la SNCF. Mais la prochaine ouverture à la concurrence pourrait contribuer à rebattre les cartes de ce bénéfice historiquement sujet à polémiques.
Ceux qui m’aiment prendront le train. La France aime les traditions. Et l’une d’entre elles, qu’on l’aime ou pas, est liée à la SNCF, aux grèves et autres revendications des quelque 275 000 salariés de l’entreprise ferroviaire française. Septembre 2021 devrait, de ce point de vue, être agité par une récente déclaration Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports. L’objet de la discussion : ni plus ni moins la remise en question des billets gratuits ou à prix réduits cédés au personnel, aux salariés retraités ainsi qu’aux membres de leur famille. Au total, ce sont 1 million de personnes en capacité de voyager gratuitement ou quasi sur l’ensemble du territoire.
🎙️ Jean-Baptiste Djebarri: “Sur le principe, je suis d’accord à ce que les cheminots gardent les avantages en nature. Seulement la spécificité de la SNCF, c’est que le périmètre est très large”
Les billets de train gratuits des cheminots sur la table du ministre. #ApollineMatin pic.twitter.com/9rOxKkaggg
— RMC (@RMCinfo) September 3, 2021
Une gratuité qui coûte 105 millions d’euros par an. Si cet avantage est aujourd’hui questionné, ce n’est paradoxalement pas pour réduire les dépenses de la SNCF – bien que ladite mesure coûte 105 millions d’euros à l’entreprise tous les ans, selon la Cour des compte – mais en raison de l’ouverture du rail à la concurrence, en cas de transfert de salariés d’une entreprise (publique, la SNCF) à l’autre (une compagnie privée). “Sur le principe, je suis d’accord à ce que les cheminots gardent des avantages en nature” précisait ces jours-ci Jean-Baptiste Djebbari au micro de RMC, “mais [il faut] engager la concertation la semaine prochaine avec les syndicats. L’idée […] c’est de pouvoir régler ce sujet-là avant qu’on ait un système de mise en concurrence”, rajoutait le ministre, prudent et bien persuadé d’être aussi sur un baril de poudre. Le sujet devrait être posé sur la table courant septembre, après discussion avec les syndicats.
Guerre des ministères. “En même temps”, comme disait l’autre, un autre ministère, celui de l’Intérieur, faisait une annonce pour le moins surprenante, en confirmant la prochaine gratuité des billets SNCF pour tous les policiers armés en service, dès lors qu’il se signalent au chef de bord avant l’embarquement. Une annonce qui a de quoi faire réagir, tant pour des raisons symboliques que sécuritaires (une arme permettant la gratuité du transport). À cela se rajoutera dès 2023 la possibilité pour le personnel des forces de police de voyager sans payer pour tous leurs déplacements non-professionnels. Mais à condition, là encore, d’être armé…<:p>
Gratuité des transports : conformément à la demande de l’UNSA Police avant l’ouverture du #BeauvauDeLaSecurite, le Ministre de l’Interieur confirme la mise en place du dispositif au 1er janvier 2022. Les modalités d’application seront communiquées lundi 6 sept en fin d’après-midi
— UNSA POLICE (@UNSAPOLICE) September 3, 2021
Même si pour l’heure les billets gratuits réservés à la police seront destinés à permettre des trajets domicile-travail, c’est un couac d’agenda de communication qui risque encore de faire parler sur les réseaux sociaux. De son côté, Fabien Vanhemelryck, du syndicat Alliance Police, s’est félicité de cette nouvelle, en arguant du fait que “cette gratuité nationale permettra à nos collègues de se ressourcer dans la région de leur choix”. À voir si les Français.e.s, confiné.e.s pendant plus d’un an, apprécieront eux aussi ce geste magnanime.