
Après avoir raillé les limitations de vitesse, Jacques Chirac a fait de la sécurité routière un des grands chantiers de sa présidence et a installé le premier radar fixe de France.
La fracture routière. En 2002, Jacques Chirac est réélu et part dès juillet en guerre contre « l’insécurité routière ». Il faut dire que notre pays a alors les routes les plus meurtrières d’Europe ; environ 20% des accidents mortels de l’Union ont lieu en France. Plus de 7700 automobilistes ont perdu la vie en 2001. Un an plus tard, le gouvernement et ses mesures auront réussi à sauver 490 vies. L’année suivante, l’accidentologie chute encore, de 20% cette fois. Ce sont 1500 accidents évités. Par quel miracle ? Grâce à une recette mélangeant gendarmes, réforme du permis et radars.

Répression, j’écris ton nom. Les lois s’enchaîneront tout au long du quinquennat, en commençant par celle de juin 2003 qui durcit les condamnations en aggravant les amendes et pertes du permis à points, mis en place en 1992. Elle instaure une tolérance zéro. Deux mesures en particulier marqueront les esprits. Premièrement, l’instauration du permis probatoire limité à 6 points pendant 3 ans pour les jeunes conducteurs. Deuxièmement, la suppression de toute grâce présidentielle pour les délits d’homicide involontaire commis sur la route.
Le message présidentiel est clair : conduire dangereusement équivaut à se préparer à tuer. Dorénavant, il sera réprimé comme tel.
Politiquement, le gouvernement s’organise en ce sens. Tous les ministères travaillent de concert, tant l’Intérieur que la Justice, mais également les Transports et l’Éducation nationale. L’objectif est d’anticiper les comportements autant qu’instituer la peur du gendarme. Les forces de l’ordre et gendarmes en particulier seront remobilisés pour ne rien laisser passer, et les contrôles se multiplieront. Surtout, le gouvernement leur confie un allié dans leur combat : les radars.
RoboCop. Le 27 octobre 2003, le premier radar fixe et automatisé est implanté sur la RN20 sous l’œil vigilant de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur. Une centaine d’autres sont prévus. Deux ans plus tard, ils seront mille. Une stratégie qui n’a jamais fléchie depuis, mais qui a atteint son pic de mécontentement en 2018, participant à la colère des gilets jaunes. Pourtant, les résultats sont là : le nombre de morts sous ce second mandat Chirac a chuté drastiquement ; la Sécurité routière a compté 8000 morts épargnées et 100 000 blessés évités. L’ancien président avait clairement eu un flash. Depuis, les Français se plaignent d’en avoir trop vus.
Crédit photo de une : JM Goyhenex / SIPA