
Derrière cette question un brin provocante, une réalité qui peut faire mal : en fait, c'est techniquement déjà le cas.
Le 30 km/h est à la mode. Pas certain que le chiffre fasse plaisir à tout le monde, mais le passage progressif des métropoles européennes au 30 km/h en centre-ville (Paris et Bruxelles l’ont déjà adopté) impose peu à peu un changement de paradigme : longtemps reine sur les circuits urbains, la voiture est progressivement repoussée comme un envahisseur. Certains s’en offusquent, d’autres s’en réjouissent, mais toujours est-il qu’on assiste actuellement à une tendance de fond et que rien ne semble prouver qu’on fera marche arrière. C’est alors qu’après avoir été longtemps raillés, les services de mobilité douce (vélos, trottinettes, etc) apparaissent comme plus efficaces, moins polluants et surtout, plus rapides. Si vous êtes un.e habitué.e de Dott, Lime ou Jump, il ne vous aura pas échappé que vous dépassez régulièrement les automobiles, coincées dans les embouteillages et voies réaménagées. En réalité, c’est plus qu’une impression.
Je suis favorable à moins de voiture en ville. Mais le coup des 15 km/h est vraiment une farce : alors que le trafic a été divisé par 2 à Paris, la vitesse moyenne a également été divisée par 2. Si les voitures roulent à 15km/h de moyenne, c’est uniquement par décision politique.
— Cédric Amey (@zerozeroced) June 25, 2020
En 2015, la mairie de Paris déclenchait un mini tollé en affirmant que la vitesse moyenne d’un véhicule dans la capitale était de 15,2 km/h – un chiffre contesté par l’opposition arguant notamment du fait que cela était dû à la politique anti-voitures d’Anne Hidalgo. Au niveau national, c’est un peu plus : 18,9 km/h selon le site Ville30. Mais quel que soit l’estimation, le combat est gagné haut la main par la trottinette.
25 km/h maximum à deux roues. Inutile d’être un grand mathématicien pour en arriver à cette conclusion; la loi française impose une vitesse maximum de 25 km/h pour les trottinettes (la limitation est un peu plus permissive pour les vélos). De quoi conclure que nous devrions arriver rapidement (sic) à cette situation ubuesque où des utilisateurs de trottinettes pourraient se faire “flasher” sur des zones 30, de plus en plus nombreuses partout en France. Un comble.
#Paris : Avec pour objectif zéro véhicule diesel en 2024 et zéro véhicule à essence en 2030, l’abaissement la vitesse de circulation à 30 km/h hors des grands axes et une capitale 100 % cyclable dès 2020 https://t.co/FQsZTlgzVO
— Le Monde (@lemondefr) March 22, 2018
La zone 30, elle, est au centre de nombreuses polémiques. Imposée pour fluidifier le trafic, elle serait peu écologique – la faute aux moteurs pas adaptés pour rouler en sous-régime. Se faire dépasser par des deux-roues, de ce point de vue, constitue on s’en doute une humiliation suprême pour celles et ceux continuant d’opter pour la voiture dans les zones urbaines, mais qu’ils se rassurent, la loi touche tout le monde : en cas de dépassement de la limite de vitesse fixée à 25 km/h, les utilisateurs de trottinette encourent une amende pouvant aller jusqu’à 1500 €. Une peine rarement appliquée dans les faits, mais qui atteste d’un changement radical de perception de nos déplacements dans les centres-villes.