
La traversée a pris 45 jours à ces deux Américains qui n’ont jamais eu à s’arrêter, même sous les nuages.
Qu’on se le dise désormais, « il est possible de naviguer en bateau solaire à des vitesses raisonnables sans jamais faire escale dans un port pour se recharger ». Ce n’est pas nous qui le disons, mais David Borton, un ancien professeur de physique au Rensselaer Polytechnic Institute, dans l’État de New York. Sa spécialité ? L’ingénierie solaire. Depuis sa retraite, il bricole dans son garage des bateaux dont les propulsions profitent de cette formidable énergie. D’abord un canoë, puis un navire de 13 mètres, et bien d’autres désormais dans le cadre de sa société Solar Sal. Un talent que son fils Alex a souhaité mettre à profit.
Alex Borton a un rêve depuis qu’il a lu Jack London : remonter en bateau sur le Passage intérieur qui longe l’océan Pacifique, franchit le détroit d’Hécate au Canada et coupe droit sur l’Alaska. Une côte gelée prisée des kayakistes pour ses paysages à couper le souffle. Une région aussi connue pour son climat maussade, nuageux voire pluvieuse. C’est pourtant là que père et fils ont choisi d’éprouver leur navire solaire.
Le Wayard Sun est un bateau de 27 pieds (8,30 mètres) sur lequel David Borton a installé une motorisation électrique 4 kW et recouvert le toit de panneaux photovoltaïques totalisant 1700 watts de puissance. Plusieurs batteries lithium-ion permettent de stocker l’énergie générée les beaux jours et ce n’est pas peu dire qu’elles ont été mises à profit.
Les Borton père et fils ont quitté Bellingham sur la côte ouest le 25 mai et ont navigué non-stop jusqu’à Juneau en Alaska où ils sont arrivés le 8 juillet. Un périple de 1216 miles nautiques, soit 2252 kilomètres à surveiller le soleil et être patient. Pour économiser la batterie, ils restaient sur une vitesse minimale autour de 2 nœuds (5 km/h) ; au contraire, les jours de beau temps où ils savaient qu’ils pourraient se recharger en avançant, ils fonçaient à 6 nœuds (11-12 km/h).
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— Colgate Alumni (@ColgateAlumni) June 8, 2021
Les deux Borton sont restés en mer plus de 30 jours bien qu’ils n’aient jamais quitté la côte de vue. Car, compte tenu des réglementations sanitaires, les frontières canadiennes sont actuellement fermées aux touristes américains, empêchant par conséquent nos navigateurs de poser le pied à terre. Ce fut donc un long voyage sans douche, sous un ciel souvent couvert, à manger sur leur réchaud. Mais ce fut aussi l’occasion d’observer des orques, des loutres, des baleines, quelques grizzlis et mêmes des élans. Témoins du réchauffement climatique qui a avalé les glaciers, ils ont encore plus envie de construire de nouveaux bateaux électriques pour que la plaisance soit plus respectueuse de l’environnement. Et on les comprend.