Les hippies venaient en combi ; cet Indien a fait 9500 kilomètres à vélo par amour. Sortez les mouchoirs, c’est plus beau que "Slumdog millionaire".
Ceci est une histoire vraie. Il s’appelle Pradyumna Kumar Mahanandia mais on l’appelle « PK ». Né “intouchable” – la caste la plus basse en Inde – en 1949, PK s’est démené pour suivre les cours d’une fac d’arts. « Quand je suis né, on m’a dit que je travaillerais dans des couleurs et l’art, a-t-il raconté au National Geographic. Je dessinais très vite ». Il faut dire qu’à sa naissance, un astrologue a fait une prédiction qui ne parlait pas que de crayonnés : « on a dit à mes parents que ma femme viendrait d’un pays lointain, qu’elle serait du signe du Taureau et qu’elle posséderait un jungle à elle ». Et la prophétie allait se réaliser.
Flower power. Charlotte Von Schedvin a 20 ans en 1975 quand elle pose le pied à Delhi. Cette étudiante suédoise a quitté sa riche et confortable famille pour vivre le grand frisson de sa génération : un voyage entre amis en délaissant toute richesse pour découvrir une autre façon de vivre, découverte avec fascination dans des films et par un concert de Ravi Shankar à Londres pour Charlotte. « Nous étions quatre adultes et un enfant d’un an, se souvient-elle, nous avons mis la main sur un combi VW ». Et c’était parti pour 22 jours de périple jusqu’en Autriche, puis parcours de la Turquie, de l’Iran, puis l’Afghanistan, le Pakistan et enfin, l’Inde. Le 17 décembre 1975, le minibus à rideaux entre dans Delhi et Miss Von Schedvin presse ses amis de trouver la place Connaught où un portraitiste a fait parler de lui.
Effectivement, Pradyumna Kumar s’y est installé et croque les touristes à toute vitesse avec un certain succès, même si la police l’arrête souvent car sa caste n’autorise pas cette activité. Un jour, il a fait le portrait de la cosmonaute Valentina Terechkova, de passage en Inde pour rencontrer Indira Gandhi. Ses caricatures passent à la télévision et boum, voilà PK célèbre.
Un soir, il voit arriver une belle jeune femme blonde aux yeux « si bleus et si grands que j’ai cru qu’elle regardait en moi comme des rayons X ». Il tremble, il pense à la prophétie, lui demande son signe ; elle est Taureau. A sa curieuse question suivante, elle répondra : « oui mes parents possèdent une forêt, pourquoi ? ». Quelques semaines plus tard ils se marient, fous d’amour.
L’amour, aller et retour. Hélas, même sur le toit du monde, le temps passe vite et Charlotte a une autre vie. Ses parents l’attendent, son université aussi. La mort dans l’âme, elle rentre en Suède. PK lui promet de lui écrire tous les jours, et qu’il la rejoindra dès qu’il aura l’argent du voyage, refusant qu’elle finance. Très vite il prend une décision : « J’ai vendu tout ce que j’avais et acheté un vélo d’occasion ». Un sac de couchage et 80 dollars en poche, il part le 22 janvier 1977.
Il mettra 4 mois pour venir à bout des 9500 kilomètres et arriver à Göteborg fin mai.
Le chemin est le même que celui emprunté par son amour, mais à l’envers. Contre un repas, un couchage, une place à l’arrière d’un camion, il réalise le portrait des bonnes âmes qui l’aident. Le reste du temps, il pédale près de 70 kilomètres par jour, poussé par l’amour et la confiance en sa destinée. Comme dans un conte, il se marièrent (à nouveau) à son arrivée et eurent deux beaux enfants. Toujours ensemble et toujours amoureux, ils vivent aujourd’hui heureux sur la côte occidentale de la Suède, convaincus que la vie est écrite pour chacun de nous et qu’elle apporte le bonheur à ceux qui sont prêts à aller le décrocher. Même en s’écartant des pistes cyclables…
Happy New Year 2021 to YOU all, a time to glorify the Wonders of Life and Love to create a New Heaven & a New Earth! A New Earth You will not behold it but live in it, with your Heart filled with Love, Joy & Gratitude! pic.twitter.com/DQPNrQSU7X
— PK Mahanandia (@PKMahanandia1) December 31, 2020
Crédit photos : PK Mahanandia (Facebook)