
Après des années de polémiques et d’annonces en tout genre, la première greffe de tête est prévue pour décembre. Mais derrière le potentiel exploit, scepticisme et interrogation éthique font rage.
Tête à tête. Valery Spiridonov, 30 ans, est atteint d’amyotrophie spinale, une maladie neurologique très rare et terrible qui atrophie ses muscles et le cloue dans un fauteuil roulant. Fortement handicapé et disposant d’une espérance de vie plus faible que la moyenne, ce Russe a décidé d’accepter une opération médicale absolument folle : se faire décapiter, de manière à rattacher sa tête au corps d’un donneur en état de mort cérébrale.

Cela va sans dire, cette greffe sans précédent fait parler les curieux. Derrière cette idée dingue, il y a Sergio Canavero, un neurochirurgien obsédé par la faisabilité d’une telle opération. Depuis des années, ce docteur Frankenstein pratique des greffes de têtes sur des souris et des singes ravivant les pires tortures animales en vogue à l’époque de l’URSS. Après avoir longtemps eu des transhumanistes allumés pour seuls supporters, Canavero a trouvé un allié de poids en la personne de Ren Xiaoping, un chirurgien chinois dont le principal fait d’arme est d’avoir participé à la première greffe de main réalisée aux États-Unis.
L’opération pourrait durer 36 heures, mobiliser près de 150 chirurgiens et infirmiers et coûter plus de 10 millions de dollars.
Une première opération prévue en décembre. Pour ce qui est du déroulé des opérations, la tête de Valery Spiridonov et le corps du donneur devront d’abord être refroidis pour les aider à mieux encaisser la privation d’afflux sanguin et d’oxygène. Les tissus et la moelle épinière seront sectionnés et la tête « transférée » sur le nouveau corps. L’étape suivante consistera à raccorder les vaisseaux sanguins et la moelle épinière. Ensuite, ça fait des Chocapic ! Prévue pour décembre prochain et réalisée en Chine, l’opération pourrait durer 36 heures, mobiliser près de 150 chirurgiens et infirmiers et coûter plus de 10 millions de dollars.
Éthique en toc ? Forcément, une telle entreprise fait jaser. Les résultats des rares publications de l’Italien après des tentatives de « recoller » la moelle épinière de souris et de chiens sont entachés de manquements et d’informations partielles. Éthiquement, une telle greffe suscite bien des questions. On ne va pas vous raconter d’histoire, les chances de survie de Valery Spiridonov sont infimes. Même en cas de succès dans un premier temps, un rejet de greffe par la suite lui serait fatal. Au-delà de la polémique, on ne peut que saluer le courage d’un patient prêt à tout pour vivre, et qui devrait, quoi qu’il arrive, rentrer dans l’histoire. On lui souhaite néanmoins de garder la tête froide.