
Si elle bat des records de productivité dans nos champs, la permaculture peut-elle faire pousser n’importe quoi n’importe où sans le moindre engrais chimique ? En tous cas, en Norvège, ce chef américain cultive les légumes les plus frais du monde.
Permafrost vs Permaculture. L’archipel de Svalbard est une terre rocailleuse giflée par les vents arctiques du nord de la Norvège et la neige. Il y fait entièrement nuit trois mois par an et toute nourriture y est importée par bateau. C’est pourtant ici qu’est venu s’installer le chef américain Benjamin Vidmar, officiant depuis 2007 dans plusieurs hôtels et restaurants des îles. S’il a quitté sa Floride, c’est pour tenter une aventure improbable : instaurer une économie circulaire et rendre durable l’archipel.
« Il y a une vraie urgence car actuellement toutes les eaux usées sont directement rejetées dans la mer sans aucun traitement préalable », expliquait Benjamin à la BBC. De même, les déchets sont renvoyés vers le continent par bateau ; bel exemple de gâchis énergétique. Pourtant, Vidmar n’a pas commencé sa mission par un incinérateur mais par une serre suivant les principes de la permaculture. Tout simplement afin de se procurer des légumes frais en circuit court.
Un dôme du tonnerre. Dans le village de Longyearbyen, il a conçu ce dôme géodésique de presque 50 m² qui garantit une luminosité suffisante pour assurer la photosynthèse des plants.
Grâce à un mini-sauna, il fait -8 degrés dans le dôme, température parfaitement enviable quand on sait qu’il règne un froid de -60 dehors.
Au centre de la serre, Benjamin a installé un lombri-composteur, maintenu à 10 degrés pour protéger les vers du froid. Ce sont eux qui assurent le plus gros du travail agricole en évitant le recours aux engrais et permettent de recycler une part des déchets. Les plants sont préparés dans un petit laboratoire proche du dôme avant d’être replantés dans des bacs en hauteur. À ce jour, Benjamin et son fils font pousser des tomates, des pois, des piments et des aromates auxquels il ajoute les œufs d’un petit poulailler.
L’agriculture de demain sera polaire. Ben reconnaît ne pas être un agriculteur et surtout expérimenter ici ce qu’il a appris de la permaculture en Amérique, c’est-à-dire cultiver en reproduisant le fonctionnement normal de la nature. Pour le moment il ne peut compter que sur une récolte toutes les deux semaine au mieux. Mais encore quelques mois ainsi et il espère pouvoir cueillir ses ingrédients chaque semaine. Après ? Il envisage d’installer un digesteur afin de recycler les déchets de sa cuisine et les transformer en biogaz avec lequel il pourra chauffer ses serres. Alors cette région arctique sera enfin durable, Benjamin aura gagné son pari et nous aussi en quelque sorte.
Pour suivre l’aventure de Benjamin Vidmar, voire réserver pour déguster ses produits frais, aller sur polarpermaculture.com