C'est une bonne nouvelle, mais aussi une surprise. Certains le font par contrainte, d'autres parce qu'ils gagnent de l'argent. Mais le résultat est le même : avec le covoiturage qui prend de l'ampleur, c'est l'autosolisme qui recule de jour en jour.
De plus en plus par voiture. Si la France a longtemps regardé d’un mauvais œil le fait de monter en voiture avec des inconnus, elle s’y met assurément. La preuve, les plateformes de mise en relation explosent. Comme l’a rapporté le Parisien, le nombre d’inscrit sur Blablacar Daily (site dédié au covoiturage du quotidien) aurait été multiplié par 4 depuis le 1er janvier. Et ce n’est pas simplement parce qu’il est le leader du secteur : dans le même temps, la plateforme Karos a enregistré… 6 fois plus d’inscriptions.
Total : si en 2009, Blablacar ne comptait que 400 000 inscrits en France, 12 ans plus tard, ceux-ci sont 20 millions. Mais que se passe-t-il ? Pour comprendre les raisons de cet élan, il faut regarder à 360°.
Depuis la mise en place de la prime covoiturage le 1er janvier, les inscriptions ont été multipliées par quatre chez BlaBlaCar Daily et par six chez Karoshttps://t.co/L6jypQbD4v
— Le Parisien (@le_Parisien) January 29, 2023
Pétrole, grèves, inflation… D’abord, il y a l’inflation et la hausse du prix des carburants depuis un an et demi, qui n’a cessé de faire de la voiture un repoussoir. Partager un trajet, c’est d’abord une décision économiques. Toutes les plateformes le vantent : emmener un passager de plus fait gagner de l’argent. Ou éviter de trop en perdre si vous abandonnez votre volant pour rejoindre un autre conducteur.
L’autre motivation, c’est la contrainte. Que ce soit l’impossibilité de rouler avec son vieux véhicule dans des zones désormais encadrées (les ZFE) ou les grèves empêchant d’opter pour l’alternative numéro 1 à la voiture : les transports en commun. Lors des dernières grèves, les plateformes ont enregistré des pics de +50 % de demandes de trajets, ce qui ne laisse pas de doute sur ce levier, déjà constaté lors des mouvements précédents. Mais il y a encore mieux.
L’État appuie sur le champignon. Profitant de l’élan, le gouvernement a mis en place une aide pour amplifier la tendance. Ceux qui essaient le covoiturage cette année, en s’inscrivant sur une plateforme ou réalisant leur premier trajet, bénéficieront d’un cadeau : 100 € de remise, versé par la plateforme en dédommagement, à raison de 25 € au premier trajet puis le solde au bout de 10 trajets. Une autre subvention incitera, elle, à tenter le covoiturage pour de grands trajets, avec 100 € si vous réalisez plus de 80 kilomètres en 3 trajets au cours d’un même trimestre. Car le gouvernement espère arriver à atteindre les 3 millions de trajets partagés annuels; ce qui permettrait de réduire de 4,5 millions de tonnes nos émissions de CO2 annuelles.
#PouvoirDachat | Contre la hausse des prix, l’État agit : les conducteurs qui se lancent dans le covoiturage recevront une prime de 100 euros. 🚗
Toutes les mesures pour préserver votre pouvoir d’achat 👉 https://t.co/Ulbb748ms1#FranceNationVerte🟢 pic.twitter.com/IXhgX6GMpp— Ministère de l'Économie et des Finances (@Economie_Gouv) January 26, 2023
Petits ruisseaux et grande rivière. Toutes ces causes ont un résultat commun : le recul de l’autosolisme. Jusqu’alors, l’ADEME constatait que, sur les 19 millions de personnes allant au travail en voiture (avant covid), 3 automobilistes sur 4 roulaient… seuls. Les Français qui covoiturent remplissent les voitures en diminuant le nombre de véhicules, ce qui réduit les rejets de dioxyde de carbone, mais aussi de nanoparticules polluantes et de monoxyde de carbone. Tout ce qui empoisonne l’atmosphère et tue 48 000 Français chaque année.
Il y a 2 ans, Blablacar se vantait de faire disparaître 1,6 millions de tonnes de CO2 par an et de faire économiser aux Français 600 millions d’euros. Ce secteur n’a fait que grandir et il ne va pas ralentir : Grenoble, Lyon et Paris ont ouvrent des voies dédiées aux covoiturages ; l’an prochain, Nantes, Aubagne et deux autoroutes franciliennes auront les leurs, tandis que les précédentes installent déjà des radars thermiques pour limiter la fraude. Franchement, rouler plus vite en payant moins cher : quel meilleur argument pour s’y mettre en 2023 ?
Des radars thermiques vont être installés pour contrôler le covoiturage https://t.co/Zda9Q89OLi
— 01net (@01net) January 30, 2023