
L’État est-il en train de lancer un covoiturage public ? BlaBlaCar doit-il craindre la concurrence ? Toutes les réponses ci-dessous.
Je vous dépose ? Le 20 juillet dernier, Nicolas Hulot en a dit un peu plus sur la loi d’orientation des mobilités (LOM). Gros projet de la rentrée, le futur paquet de lois a pour objectif de réduire les émissions de CO2 et développer les transports propres. On pense très vite aux vélos ou aux bus électriques… On aura fait fausse route. Au vu des dernières propositions, il semble que « les transports » soient dans ce dossier amenés à être remplacés par « le covoiturage ».
Le covoiturage double par la droite. Dans les pistes de réflexion conjointement évoquées par le ministre de la Transition écologique et des Transports, des voies de circulations pourraient bientôt être réservées aux véhicules à faibles émissions, aux transports en commun et aux voitures partagées. Les villes et territoires auront à déterminer les axes concernés et les conditions (horaires ou périodes) de ces discriminations.
Dans la même lignée, les agglomérations de plus de 100 000 habitants devront décréter des zones à faibles émissions (ZFE) dont seraient exclus les véhicules qui polluent trop. Si bouchons et poumons disent merci, cela ne va pas aider l’autre but de la loi : désenclaver les zones mal desservies par les transports publics.
BlaBlaCarte de France. En plus de profiter de voies dédiées, les covoitureurs bénéficieront de places de stationnement réservées et de dédommagements versés par leurs employeurs, dans le cas de trajets domicile-travail. Plutôt que de financer ces incitations, les collectivités et autorités de la mobilité pourront organiser « un service de covoiturage public ». Pour les aider à motiver le public, le gouvernement envisage de leur fournir « une plate-forme numérique ». Mais l’État envisage-t-il vraiment de développer une solution recoupant les data des services existants, ou bien compte-t-il sur les solutions privées déjà défendues ici ? Car financer ces services sur un secteur déjà concurrentiel va alourdir les budgets des régions et collectivités.
Ne serait-il pas plus rapide et rentable pour les villes et régions de solliciter les services de covoiturage privés ?
Finalement, à travers cette réforme, le gouvernement semble plutôt préparer les collectivités à soutenir les entreprises qui innovent déjà dans ce domaine qu’à concevoir les outils de sa propre transition mobile. Réponse en tous cas le 8 octobre prochain, lors de la présentation de la Charte de bonne conduite avec toutes les propositions que les collectivités territoriales devront rallier. À moins de choisir d’emprunter la voie lente des véhicules pollueurs.