
En terme de fiscalité écologique, le pays d’Europe du nord montre l’exemple depuis 1989 avec une taxation des carburants des compagnies aériennes.
En finir avec l’écologie punitive. Aussi surprenant soit-il, par sa violence, le mouvement gilet jaune qui frappe (sic) actuellement la France n’en est pas moins incompréhensible : il est un exemple de plus (celui de trop ?) que lorsqu’il est question de mesures écologiques, les classes moyennes et populaires sont toujours mises davantage à contribution. D’où le sentiment d’injustice majoritaire qui, in fine, conduit à une double impasse : les Français sont en colère, et la fameuse taxe des carburants semble déjà condamnée à un enterrement en grande pompe (à essence). Moralité, personne ne sort gagnant du combat. En Suède, les choses en vont autrement.
« Continuer d’exempter le kérosène de la taxation carbone, comme le fait l’Union européenne (UE), est donc une aberration et une grave distorsion de concurrence en faveur des modes de déplacement les plus polluants. » (Wojtek Kalinowski, sociologue)
Taxer les avions plutôt que les voitures. À lui seul, le secteur aérien est responsable de 8% des émissions de CO2 dans le monde. Un chiffre très important, et pour certains doublement scandaleux, puisque le kérosène n’est actuellement pas (ou peu) taxé quand bien même la grande majorité des vols sont destinés au tourisme. Dit autrement : une mobilité de confort, là où les automobilistes utilisent leurs voitures pour se rendre quotidiennement au travail.
C’est à partir de cette conclusion que la Suède a décidé dès 1989 d’introduire une taxe kérosène pour devenir, comme le rappelait récemment une tribune du Monde, un exemple de fiscalité écologique. Suite à des décisions de la cour de justice, ladite taxe a depuis été suspendue, mais remplacée par une majoration des prix de billets d’avion. Et dans les rues, aucun gilet jaune à l’horizon pour manifester contre une mesure à la fois écologique et juste.
Merci @GDarmanin de cette prise de position claire. Plus personne ne peut justifier qu'on taxe le gazole des voitures et pas le #kérosène des avions. On pourrait imaginer une contribution écologique au décollage, sur les vols intérieurs métropolitains, c en Suède. #giletsjaunes https://t.co/2sOvftYZRr
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) November 25, 2018
Darmanin veut prendre l’avion en marche. Dos au mur face au mouvement des gilets jaunes, le gouvernement avouait du bout des lèvres voilà quelques jours réfléchir à mettre en place la même taxe kérosène… avant de rétropédaler. La raison ? Cette taxation n’aurait, selon le ministre Gérald Darmanin, aucun effet à l’échelle nationale : « Vous savez bien comment ça va se passer sinon : les avions volant de pays en pays vont faire le plein de carburant dans le pays d’à côté sans payer la fiscalité en France. » C’est ce qu’on appelle, en sociologie, le syndrome NIMBY – un acronyme de Not In My Backyard, un terme expliquant que les gens sont globalement prêts au changement, mais loin de chez eux. La route vers l’écologie sociale, elle, semble encore longue.