
Des ingénieurs du MIT ont trouvé un moyen de collecter les eaux évaporées par les centrales électriques et les redistribuer aux villes proches.
600 millions de litres partis en fumée. Quand on pense à une centrale nucléaire, on voit sa tour aéroréfrigérante. Malgré les craintes récurrentes, les fumées ne sont pas toxiques : il s’agit de vapeur résiduelle des eaux qui assurent le refroidissement du condenseur, généralement pompées dans une rivière proche. Une opération de refroidissement économiquement bien plus rentable que d’autres procédés mais qui gaspille un volume d’eau phénoménal.
Les scientifiques ont déjà pensé à installer des systèmes de maillages en métal pour refroidir les particules de vapeur au passage et les faire retomber, mais le gain est infime. C’est là que le procédé des ingénieurs du Massachusetts Institute of Technology ouvre les vannes à de belles économies.
Leur système consiste « simplement » à bombarder d’ions la vapeur avant qu’elle ne touche le filet de récupération. Chargées électriquement, les particules d’eau sont attirées par la nasse métallique et s’y fixent. Il est alors facile de les conduire de la même façon vers des bacs de récupération.
30% d’eau économisée. À ce stade, deux options : profiter de l’eau collectée pour la réintroduire dans le système de refroidissement évaporatif, ou la traiter avant de la rediriger vers les conduites qui abreuvent nos agglomérations et les zones agricoles. Dans le premier cas, on réduit de 20 à 30% le pompage des rivières ; pas mal puisqu’aux États-Unis, une seule centrale consomme chaque année autant que 100 000 habitants. Dans le second, l’économie est estimée à près de 5 millions de dollars, principalement en traitement pour dessaler et dépolluer l’eau des bassins.
Globalement, ce système pourrait récupérer 567 millions de litres par an pour une seule centrale électrique de 600 mW.
Le système est tellement prometteur que les concepteurs, Maher Damak et Kripa Varanasi, ont lancé la startup Infinite Cooling sur ce créneau. Elle a remporté un concours avec une dotation de 100 000 dollars avec lesquels elle compte fabriquer le procédé à taille réelle pour équiper des centrales d’ici deux ans tout au plus. Reste que pour beaucoup de Français, faire confiance à une centrale nucléaire va être dur à avaler.