Le prix du kérosène ne permet plus des billets aussi fracassés, alors le champion du low-cost augmente ses prix. La fin d’une ère ou le début d'une prise de conscience ?
Prix choc. C’était la botte secrète de Ryanair, son coup spécial imbattable : des billets à moins de 10 € pour voyager n’importe où. Mais la guerre en Ukraine a changé les règles du jeu, la flambée du coût des énergies et l’inflation rend ce jeu de massacre impossible à maintenir sans risquer de mettre en danger la survie de la compagnie. Il y a 6 mois, le patron de Ryanair prédisait la fin de ces billets magiques. Cette fois Michael O’Leary vient d’annoncer des hausses de 5 à 10 % en 2023, à compter de cet été. Or, il n’est pas le seul.
Ryanair : le prix du billet en hausse « de 5% à 10% » cet été ? https://t.co/I0jKPGUvE1 pic.twitter.com/V5R9nrFBvb
— Air Journal (@airjournal) February 3, 2023
Plombé par le pétrole lourd. Selon la Direction générale de l’avion civile, les prix des vols depuis la France ont grimpé de 21,7 % en un an, voire même 24,2 % pour les moyens-courriers (typiques des compagnes à bas coûts). Il faut dire que le secteur a subi dans sa globalité 250 milliards de dollars de pertes suite à la crise du Covid -19, les compagnies perdant jusqu’à 50 % de leurs chiffres d’affaires. Pour se rattraper et pour faire face aux charges actuelles, le billet moyens sur Ryanair pourrait bientôt atteindre 50 €. Mais est-ce purement conjoncturel ? On peut en douter.
Le monde d’après. En fait, le secteur des vols low cost s’est construit sur une dérégulation du marché de l’avion civile afin de booster la concurrence, d’abord américaine en 1978 puis européenne en 1997. Le secteur souffrait de chocs pétroliers et s’est construit en proposant l’offre la plus simple : le transport sans les services annexes en échange de prix plancher. Mais ce prix oublie un autre aspect : l’empreinte environnementale. Or le grand public (et les plus jeunes en particulier) supporte de moins en moins cet oubli.
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Mort du low cost. Rappelons-le, l’avion est le transport le plus émissif en CO2. Même ramené au nombre de passagers, chacun d’entre eux émet en moyenne 285 g d’équivalent CO2 par kilomètre, soit plus du double d’une voiture (104 gCO2e). Ainsi pesé, il y a des raisons de s’étonner de prix aussi incitatifs que 10 € pour quelques milliers de kilomètres qui seraient moins nocifs pour le climat en train ou même en voiture (pour peu que vous ne conduisiez pas seul). La flambée du pétrole et l’obligation d’opter pour des biocarburants pourraient avoir pour conséquence la disparition des vols low cost tels qu’on les a connu depuis 20 ans. Alors : PNC à vos portes… de sortie ?