
Pas sûr que les extrémistes et autres fondamentalistes aiment cette mosquée qui vient d'ouvrir en Allemagne.
Come as you are. « Femmes », « homosexuels », « transsexuels »… Voilà des identités dont les religions, quelles qu’elles soient, ont bien du mal à s’accommoder. Sauf désormais dans cette mosquée du quartier berlinois de Moabit, où la tolérance est de mise. Les fidèles sont accueillis sans distinction de sexe ou de sexualité. Femmes et hommes peuvent donc y prier côte à côte, et non dans deux lieux séparés (ou les femmes au fond) comme c’est le cas dans les mosquées traditionnelles. Comble de la tolérance, tous les courants religieux sont acceptés, sunnites, chiites ou alévis. Baptisée « Ibn Rushd-Goethe », cet endroit veut être un lieu de débats, où la critique est permise.
« Le temps du changement est venu, ce n’est pas demain, c’est maintenant. » (L’une des fondatrices de la mosquée)
Prôner l’ouverture. Ibn Rushd, mieux connu chez nous sous le nom d’Averroès, était un penseur arabe ayant passé sa vie à combattre l’obscurantisme. Quant à Johann Wolfgang von Goethe, célèbre homme de lettres allemand, il nous a légué de beaux textes sur l’amour. Mais, on le sait moins, il était surtout un grand connaisseur de l’Islam. Réunir ensemble ces deux figures de la Raison marque, de la part des fondateurs de la mosquée, la recherche d’un réel brassage culturel.
L’imam est une femme. L’une des fondatrices de ce lieu est Seyran Ates. Dans sa grande robe blanche, cette avocate et militante des droits des femmes dirige la prière. Première femme imam d’Allemagne, elle officie sans voile. D’ailleurs, le niqab (voile cachant le visage) est interdit pour des raisons de sécurité. L’ imam(e ?) déclarait à l’AFP sa volonté d’offrir un lieu de prière où chaque personne pourra concilier sa foi avec ce qu’elle est vraiment : « Le temps du changement est venu, ce n’est pas demain, c’est maintenant. » Certains doivent ravaler leur machisme et haines obscurantistes ; enfin, inch’Allah.