
L’idée vient d'être proposée dans un rapport de France Stratégie parmi plusieurs recommandations pour décarboner le secteur du transport de marchandises encore très polluant.
Polluant comme 1347 tours du monde. La pandémie, et plus précisément la vie en confinement, lui a donné un essor inespéré : ces deux dernières années, la livraison à domicile a complètement intégré les mœurs et réflexes des citadins. Selon la FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) en 2020, les ventes provenant du e-commerce atteignaient même 112 milliards d’euros, soit une hausse de 8,5% par rapport à l’année précédente. Et concrètement, cet accroissement signifie aussi une explosion des livraisons et donc des émissions de CO2.
Pour vous donner une idée de l’ampleur des dégâts, en 2020, le magazine Capital a réalisé une étude sur « le bilan calamiteux de la vente en ligne » (en termes de pollution) où l’on apprenait notamment que le bilan carbone des 1,5 milliard de transactions réalisées sur Internet en 2020 équivalait à 1347 tours du monde en voiture (!) ou encore que la part du transport de marchandises dans les émissions de gaz à effet de serre en ville s’élevait à 25%…
Taxe verte. En résumé, les livraisons à gogo – et à plus forte raison les livraisons « express » – polluent énormément. C’est sur ce problème que l’organisme France Stratégie a décidé de se pencher dans un rapport récent, où l’on trouve quelques recommandations, comme notamment réglementer les tarifications de livraison afin d’inciter à plus de sobriété :
« La compétition que se livrent les plateformes tend à encourager la demande d’immédiateté de la part des consommateurs, en leur masquant le coût de la livraison et en leur donnant l’illusion de la gratuité. Les livraisons instantanées exercent une forte pression sur la livraison, et ont un impact important en matière d’émissions de CO2 […] Faire payer la livraison, et en particulier la livraison express, à un tarif incluant son impact environnemental, notamment en matière d’émissions de CO2, serait un moyen efficace de réguler le comportement des consommateurs et de l’amener vers davantage de sobriété, pour autant que ce coût lui soit explicitement répercuté. »
Ce sont des gros pollueurs qui passent par le « pire » service de livraison (UPS), pour 2 articles commandés le même jour à la même heure dans le même panier, j’ai tout reçu en différé avec un jour d’intervalle et donc bonjour la pollution de livraison express
— PUNCH (@_Coup2Cross) August 19, 2019
La fin de la livraison gratuite ? L’idée ici est de permettre au consommateur de mieux mesurer le bilan CO2 de ses colis et de le faire payer plus cher s’il choisit d’opter malgré tout pour un délai très court. La surtaxe, une bonne piste à étudier et à compléter avec ces quelques autres recommandations, intéressantes, comme : éviter de faire de la livraison express l’option par défaut ou interdire la mention ”livraison gratuite”. En espérant que ces solutions potentielles permettront, peut-être, d’infléchir nos comportements addictifs au shopping en ligne.