
En Corée du sud, Sooam Biotech est le premier laboratoire biologique au monde à pratiquer le clonage d’animaux pour le grand public. Comme l'animal de remplacement est livré en deux mois, on tiendrait presque le cadeau de Noël. À moins que... les fans de chiens ne tombent sur un os.
60 millions d’amis. Que ce soit ce couple de Britanniques parti en Corée du Sud pour obtenir deux clones identiques du Boxer qu’ils avaient tant aimé, le Japonais Junichi Fukuda, venu cloner sa chienne Momotan après sa mort parce qu’il ne pouvait se résoudre à vivre sans celle qui l’avait accompagné depuis une douloureuse séparation, ou le reste de la centaine de personnes venues se présenter à Sooam Biotech, toutes avaient une bonne raison de pousser les portes vitrées de la boutique.
Les biologistes coréens affirment effectivement avoir donné naissance à plus de 700 animaux. Ce serait presque un conte de fée, à moins que ce ne soit un mauvais rêve…
Reanimator au chenil. Avec cinq à vingt clonages quotidiens, 7 jours sur 7, Sooam est une vraie usine biotechnologique. Son offre est on ne peut plus simple : cloner votre animal de compagnie pour 90 000 euros, peu importe sa race, son poids ou sa taille ; livré en deux mois après que vous ayez fourni des échantillons de peau à partir desquels le labo tirera de l’ADN et des cellules vivantes exploitables.
Une copie de votre chien en seulement deux mois pour 100 000 dollars.
Votre bestiole peut très bien être déjà morte mais pas depuis plus de cinq jours selon les exigences des biologistes coréens. Les cellules récupérées seront ensuite injectées dans celles d’œufs prélevés dans les ovaires d’une chienne, afin de recréer le mécanisme d’une fécondation naturelle. Pour accélérer la fusion, une machine va la stimuler par courants électriques avant l’embryon ne soit implanté dans une chienne mère-porteuse. À ce moment-là, vous pouvez partir acheter un panier et des jouets à mâcher.
40% de clonages réussis — et les autres ? Depuis deux ans, le labo fait beaucoup parler de lui et pas seulement par ses clients. D’une part, si le clonage est très réglementé, cela reste une science encore tâtonnante. Le biologiste en chef Woo-Suk Hwang annonce 40% de réussite – les autres cas sont non viables ou meurent jeunes. Mais peut-on croire celui qui a déjà menti en clamant avoir cloné un bébé en 2004 et qui a même été condamné par la justice en 2009 ?
Woo woo let the dog out? D’autre part, on vend ici l’idée qu’on va récupérer son animal perdu ou en avoir un second identique au premier, mais il a été prouvé que la personnalité est dictée par l’environnement et l’expérience. Aucune certitude donc que le chat que vous récupérez aimera les mêmes croquettes et caresses que son prédécesseur, ni qu’il réagira avec la même affection quand vous l’attraperez pour le câliner. Aujourd’hui, Sooam entend cloner des animaux plus gros (huit coyotes à leur palmarès), voire disparus (ils travaillent sur un mammouth) et dans un tiroir, le vieux rêve du clonage humain.
Une seule certitude à avoir au moment de jeter la ba-balle : ce chien qui regarde votre main n’est pas votre chien, mais un clone de chien bien vivant.