
« Avez-vous bien pris vos pilules ? » Jusque-là, c’était la question que vous posait votre médecin. Désormais, c’est un comprimé connecté qui l’en informera. Une grande première pour l’e-santé mais pour certains, la nouvelle reste dure à avaler.
Abilify MyCite. C’est le nom du premier médicament électronique au monde a être autorisé sur le marché et, comme on s’en doute, ça se passe aux États-Unis. La FDA, soit l’agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, vient d’annoncer que cette pilule, prescrite en cas de schizophrénie ou de troubles bipolaires, serait désormais autorisée en prescription. La différence avec les autres médicaments ? Elle est reliée à un smartphone via un capteur qui enregistre la prise effective du médicament et transmet l’information au médecin traitant.
#FDAapproves pill with sensor that digitally tracks if patients have ingested their medication: https://t.co/vJCo4qym0N. pic.twitter.com/Ttc5WuGUuu
— FDA Drug Information (@FDA_Drug_Info) November 14, 2017
Médicament connecté. Dans une époque sur-connectée, fatalement, ou heureusement, il était difficile d’imaginer que le secteur de la santé soit préservé de ces nouveaux systèmes de traçabilité. Le principe du Abilify MyCite est simple : informer le médecin, quasi en temps réel, que le patient a bien ingéré ses pilules, afin d’éviter tout dérapage dans le traitement. Une manière comme une autre, une fois le signal électrique de la pilule déclenché au contact des liquides stomacaux, de suivre la guérison des malades à distance. Ca, c’est pour la théorie. Car en pratique, certains pointent déjà du doigt la naissance du premier médicament mouchard qui flique les malades.
Big Doctor is watching you. Aux États-Unis, où tout ce qui touche aux assurances santé est un peu touchy, le sujet fait déjà réagir. Pour l’heure, le patient reste supposément maitre des informations le concernant (il peut choisir les personnes à qui les informations sont envoyées). Mais demain, la naissance d’une telle pilule espionne ne pourrait-elle pas servir aux compagnies d’assurance pour annuler les remboursements si le malade ne respecte pas les prescriptions ? Et pourra-t-on parler d’atteinte à la liberté individuelle si votre propre corps est capable de vous trahir à votre insu ? Voilà autant de questions à se poser alors que les objets connectés n’ont jamais été aussi présents et que la société tant redoutée par George Orwell, où chacun serait sur écoute, semble prête à devenir une réalité.