
Dans un contexte économique très tendu, et alors que l'industrie automobile souffre de l'inflation comme de la pénurie de matières premières, l'idée de recommercialiser des voitures cultes d'hier avec un moteur électrique apparaît peut-être comme une alternative de niche.
Aussi pire qu’en 1993. Les constructeurs n’avaient pas vu ça depuis 1993 : le marché européen de la voiture neuve est revenu à son niveau d’il y a 30 ans, avec 9,3 millions de modèles écoulés l’an dernier (source : l’association des constructeurs, l’ACEA). Sur un an, c’est l’équivalent d’un recul de 4,6% et c’est un chiffre moribond pour tout un secteur, coincé entre le faible pouvoir d’achat des consommateurs et l’obligation de se réinventer d’ici à 2035, date de l’interdiction officielle des voitures thermiques neuves sur le sol européen.
Dans ce contexte couleur gris métallisé, une idée pourrait progressivement faire son chemin, parallèlement à la course aux nouveautés qui ne trouvent pas toujours preneurs : ne faudrait-il pas rééditer des modèles mythiques comme la VW Coccinelle, la Porsche 911 ou encore la SEAT 600 en versions électriques ? Alors que le marché des voitures d’occasion a lui-même augmenté de 30% ces dernières semaines, l’idée de stimuler l’inconscient des consommateurs avec des voitures à la fois pop et capables de rouler après 2035 parait séduisante ; du moins sur le papier.
Reboot électrique. Au Japon, un constructeur (Toyota) s’est récemment et timidement engouffré dans la brèche en présentant au Tokyo Auto Salon show un modèle très populaire (la Corolla Levin) dans 2 nouvelles versions, hydrogène et électrique. L’objectif ? Faire du neuf avec du vieux, et surtout prouver qu’il est possible d’utiliser son back catalogue pour moderniser ses productions en utilisant les 30 Glorieuses comme un moyen d’amener le grand public, ayant grandi avec ces modèles, sur le chemin de l’électrification.
Un marché mature pour l’électrique. Si l’idée d’une recommercialisation de vieux modèles électrifiés ne permettra pas à elle seule de sauver l’industrie automobile, et alors que le rétrofit est lui-même en plein boom, elle permet néanmoins de résonner comme des échos positifs dans un contexte socio-politique encore trop tendu. Néanmoins, de bonnes nouvelles à l’horizon pointent pour le secteur électrique – le seul, peut-être, à tirer son épingle du jeu actuellement : selon l’Avere, le nombre de recharges disponibles en France a augmenté de 53% en 2022, et les consommateurs disposent actuellement d’1 borne pour 8 voitures électriques en moyenne.
Le gouvernement, lui, espère passer en 2023 le cap des 100 000 bornes de recharge disponibles en France, et vise désormais l’objectif de 2 millions de voitures électriques à l’horizon 2030. Cela laisse un peu de temps aux constructeurs pour imaginer quelles voitures générationnelles pourrait revenir sur les routes avec une prise de courant.