
Le professeur Swarup Bhunia de l’université de Floride en est persuadé : avec l’avènement des voitures autonomes, il serait possible que les véhicules puissent se recharger entre eux grâce à un bras télescopique, sans avoir besoin de s’arrêter pour « faire le plein ». Explications.
Partager le carburant. Il y a plusieurs freins à l’achat d’une voiture électrique. Parmi eux, il y a ce qu’on appelle les problèmes d’itinérance, c’est-à-dire la peur de ne pas trouver de station de recharge sur son chemin, et donc de se retrouver « en panne ». Pour résoudre ce problème, Swarup Bhunia et ses collègues du département de génie électrique et d’informatique de l’université de Floride ont imaginé un concept très novateur : la recharge en « peer to peer » (pair à pair en français). Mais avant de détailler le processus, une précision s’impose. Il s’agit d’une idée futuriste. Pour que cette technique fonctionne, des voitures complètement autonomes sont nécessaires, ce qui n’est pas une réalité aujourd’hui. De plus, l’étude n’a pas (encore) été publiée dans une revue, ni étudiée par d’autres experts, mais est en attente de relecture. Ceci ne veut pas dire qu’elle n’est pas pour autant sérieuse.
Réseau de recharge itinérant. Imaginez donc que vous roulez à bord d’une voiture autonome électrique, mais que la batterie est presque à plat. Au lieu de vous arrêter dans une station, un autre véhicule (devant vous par exemple ou à proximité) pourrait venir se connecter au vôtre via un bras télescopique afin de vous transférer de l’énergie. Ces véhicules pourraient, par exemple, faire partie d’un réseau et seraient déployés dans l’unique but de recharger d’autres voitures, un peu comme si chaque véhicule était une station de recharge ambulante. Les transferts seraient également possibles entre particuliers, et contrôlés par un système cloud qui s’occuperait de gérer l’historique des transactions et les paiements, explique le professeur au site IEEE Spectrum.
65% d’arrêts en moins. Via un simulateur, les ingénieurs ont remarqué qu’avec leur recharge en peer to peer, les arrêts aux stations diminueraient de 65%. Par contre, ce système ne marcherait que si les batteries des voitures étaient capables de « donner » et « recevoir » de l’énergie, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une autre question subsiste : comment les véhicules qui fournissent de l’énergie aux autres feront-ils pour se recharger ? Pour régler ce problème, le professeur veut que des gros camions, qu’il appelle des « mobile charging station », puissent transporter de l’énergie en grande quantité. Ces derniers seraient équipés d’un système pour recharger les véhicules donneurs d’énergie via… des drones.
Ce concept apporterait un autre avantage : les véhicules pourraient, en théorie, ne jamais s’arrêter. Le temps passé à chercher une station de recharge et à faire le plein se ferait en roulant, sans perdre de temps. On peut imaginer que des services de navettes autonomes, pour des livraisons ou des transferts, pourraient être intéressés par ce système. Si les avions parviennent à se ravitailler dans les airs, pourquoi est-ce que les voitures ne pourraient-elles pas le faire en roulant ?
Encore (beaucoup) top tôt. Bien évidemment, les questions liées à la sécurité routière devront être envisagées, notamment les inquiétudes concernant les transferts d’énergie à haute tension entre deux voitures qui roulent à grande vitesse sur l’autoroute. Mais si un jour les technologies le permettent, l’idée pourra alors faire, comme vous, son chemin. Même si les routes à induction pour recharger sa voiture tout en roulant ont plus de chance de voir le jour en premier.