
Choquant ? Absolument pas. Le principe de cette initiative lancée à Dublin est d’offrir une reconversion aux sans-abri. Et ça marche, au propre comme au figuré.
+145%. En général, lorsqu’on évoque des chiffres en progression, c’est plutôt bon signe. Mais dans la situation présente, c’est tout l’inverse : rien qu’entre 2014 et 2017, et si l’on s’en tient au rapport de la Fondation Abbé Pierre, le nombre de sans-abri en Irlande a augmenté de 145%. Pire encore : un tiers sont des enfants (+276% sur la même période).
Plutôt que, comme dans certaines villes françaises, délocaliser ces populations des centres-villes pour éviter d’effrayer les touristes, l’Irlande semble avoir trouvé une solution à la fois plus intelligente, et surtout plus humaine. Depuis 2014, l’association My Streets propose tout simplement à ces personnes sans-abri et sans emploi de devenir guides touristiques, afin de montrer la rue sous un nouveau jour.
Des êtres humains plutôt que Google Maps. On doit cette initiative à Austin Campbell, un Irlandais qui a longtemps travaillé dans les services sociaux. C’est là qu’il a pu se rendre compte à quel point aucune solution de reconversion ou de formation n’était proposée aux SDF. Moyennant une formation de trois mois, déjà proposée à 51 sans-abri, ceux-ci prennent en charge des trajets atypiques, bien loin des trajets TripAdvisor, à Drogheda ou Dublin. Les touristes (près de 11 000 à ce jour) se font dès lors raconter pour 10 € par personne l’histoire des villes d’une autre manière et, de leur côté, les guides sont payés 40 € de l’heure. Existe-t-il une meilleure idée pour les aider à retrouver un salaire, une vie normale et, surtout, l’estime de soi ?
My Streets travaille main dans la main avec les agences de voyage et les écoles locales. Jusqu’ici, tout le monde semble y trouver son compte. L’initiative a de quoi inspirer Emmanuel Macron, lui qui promettait en début de mandat vouloir éradiquer le sans-abrisme en France. On en est encore, hélas, très loin : 150 000 personnes environ dormiraient encore dans la rue. Il est grand temps, pour reprendre le principe de My Streets, de les mettre “en marche”.
Pour connaître les trajets proposés par My Streets, c’est par là.