
Dépendant de l’électricité allemande et française pour sa consommation domestique en hiver, notre voisin alpin se prépare à réagir à d’éventuelles tensions sur son réseau. Et l’une des pistes évoquées, c'est de limiter l’utilisation privée des véhicules électriques.
Il y a peut-être le feu au lac. Comme dans de nombreux pays d’Europe, face au réchauffement climatique ou à la hausse du prix de l’essence, les Suisses se sont rués vers la mobilité électrique. Ainsi, de septembre à novembre 2021, cette motorisation a représenté 18,3 % des nouvelles immatriculations de voiture du pays. Mais en décembre 2022, ces propriétaires responsables pourraient être fortement refroidis : le plan de la confédération réfléchit, en cas de crise énergétique, à limiter leurs déplacements.
À la fin du mois de novembre dernier, le conseil fédéral a présenté une stratégie en quatre paliers pour réduire la consommation électrique du pays afin d’éviter de devoir procéder à des délestages. Interrogé sur ce plan, le conseiller fédéral chargé du sujet, Guy Parmelin, a avoué dans une conférence de presse que ce plan était « très intrusif ».
#DécisionCF Le conseiller fédéral @ParmelinG sur les mesures en cas de pénurie d’électricité.
🗞: https://t.co/rgWcx5jHtC (BK) @DefrWbf pic.twitter.com/QIrvlCIJhI— André Simonazzi (@BR_Sprecher) November 23, 2022
4, 3, 2, 1… Éteignez ! Si une crise énergétique venait à plomber le pays, les autorités lanceraient des appels à la réduction de consommation et décréteraient parallèlement des restrictions. Celles-ci seraient durcies par palier : au niveau un, il s’agirait d’interdictions légères, comme éteindre les éclairages publicitaires la nuit. Au niveau deux, des limitations plus fortes avec une température de chauffage maximale. Et au niveau trois, la mobilité en prendrait un sacré coup car « l’utilisation privée de voiture électrique ne serait autorisée que pour les trajets absolument nécessaires, pour l’exercice d’une profession, pour faire des achats, pour se rendre chez le médecin, à des manifestations religieuses ou à des audiences de tribunaux ».
Enfin, un dernier palier encore plus restrictif interdirait l’exploitation d’infrastructures sportives ou l’organisation d’événements culturels utilisant de l’électricité.
Un lac, deux ambiances. Ce projet d’ordonnance est en consultation jusqu’au lundi 12 décembre avant de continuer son chemin législatif. Une telle restriction sur la mobilité électrique vise à réduire les recharges de véhicule en cas de difficulté sur le réseau électrique et l’utilisation des bornes gourmandes en énergie. De l’autre côté du lac Léman, le gouvernement français n’a pas évoqué vouloir mettre à l’arrêt les voitures électriques, mais SNCF Voyageurs pourrait réduire la vitesse des trains pour soulager le réseau. Mais il s’agit d’une histoire de mobilité collective, et non individuelle.